« Quelques mois avant ces premières images, les médecins nous ont dit que tu devais mourir et nous ont proposé d'arrêter les soins. Ce discours, on le refusait depuis ta naissance ». Cette histoire, qui conjure le sort et le handicap, c'est celle de Gildas. Un grand frère parti trop tôt, en 2009, à 31 ans. Parti sans dire un mot. A vrai dire, il n'a jamais parlé, ni marché. Pleuré, une fois. Ses proches n'ont jamais su ce qu'il pouvait voir ou entendre. N'ont jamais su s'il les aimait vraiment…
4 diffusions sur Arte
Alors, avant que les incertitudes et les regrets ne s'installent à jamais, ses deux frères cadets, Just et Tristan Philippot, ont décidé de finir le film qu'ils avaient commencé avec lui durant la dernière année de sa vie. Tous le sentaient ; il restait peu de temps. Ce documentaire, Gildas a quelque chose à nous dire, est diffusé sur Arte le 23 novembre 2016, à 1h05 (trois autres diffusions prévues mais dates non confirmées), dans le cadre du magazine Court-circuit (puis en replay pendant 7 jours sur le site de la chaîne à compter de chaque diffusion).
De l'amour et des doutes
45 minutes de la vie de cette fratrie de « quatre rouquins », pleine de sourires, qui, malgré le handicap, ne se montre jamais vraiment raisonnable. Les Noëls, elle les passe à la montagne. Gildas est toujours du voyage. Peu importe le froid et la neige, il y a dans cette famille de la chaleur à revendre. De l'amour. Qui n'empêche pas les doutes, alimentés par le regard des autres qui, trop souvent, semblent dire : « Pourquoi le laisser vivre ? ». Ses frères se posent la question : « C'était vraiment t'aimer que de t'imposer cette lutte ? ». Ils n'ont pour seule réponse que la longévité de Gildas, qui ne devait survivre que quelques temps après sa naissance ; né prématuré à 7 mois à cause d'un virus puis victime d'une hémorragie à l'âge de trois mois qui détruisait ses dernières chances. Celui qui n'aurait jamais dû vieillir s'est pourtant éteint trentenaire. « Le grand costaud, selon Just et Tristan, qui s'est battu avec la mort toute sa vie ».
Primé lors d'un festival
Après le décès de Gildas, chacun a su trouver une nouvelle place. Personne n'a plus jamais parlé de lui mais personne ne se résout pour autant à le laisser partir ; son silence est toujours-là, partout. « Notre histoire familiale c'est cette histoire d'amour qui n'a aucun mot », confient ses frères. En 2009, la version courte de ce film recevait le prix spécial du jury du Festival du court métrage Handicap et cinéma, porté par handicap.fr. Après avoir complété le montage, ce moyen-métrage a trouvé un nouvel écho sur une chaîne de télé, avec le soutien de la Scam (Société civile des auteurs multimédia) et du CNC (Centre national du cinéma). « La rédaction semble avoir apprécié son côté fébrile », explique Tristan, même s'il se défend d'avoir fait un film sur le handicap. « Certes le sujet est sensible mais c'est avant tout un film grand public. » Un essai cinématographique au pluriel en hommage à un être singulier…
Gildas a quelque chose à nous dire
Un film de Just et Tristan Philippot
Une production Les Films de la plume
Durée : 45 minutes
Sur Arte le 23 novembre 2016, à 1h05
Diffusion en replay durant 7 jours sur le site d'Arte