Justice-handicap, Trois handicapés, invoquant une discrimination de la SNCF qui les a conduits à voyager en wagon à bagages, ont réclamé jeudi 15.000 euros chacun de dommages-intérêts...
par Olivier RICHOU
PARIS, 13 nov (AFP) - Trois handicapés, invoquant une discrimination de la SNCF qui les a conduits à voyager en wagon à bagages, ont réclamé jeudi 15.000 euros chacun de dommages-intérêts devant le tribunal correctionnel de Paris.
Après leur voyage Paris-Le Havre dans "la soute à bagages", disent les plaignants, dans "l'espace technique", selon un représentant de la SNCF, le procureur David Peyron a estimé qu'il y avait bien eu une discrimination.
Le magistrat n'a pas requis de sanction précise mais il estime qu'un seul des trois plaignants a été victime du délit.
Les trois voyageurs se sont présentés en fauteuil électrique à la Gare Saint-Lazare le 2 septembre 2002, trois heures avant le départ du train fixé à 21H30, ainsi que l'exigeait la SNCF. Là, quatre agents de la SNCF ont refusé de les aider à s'installer dans des fauteuils roulants plus légers et plus étroits, qui passaient par les portes des voitures de voyageurs.
Ces agents leur ont donné le choix entre monter par la rampe d'accès dans le wagon à bagages, ou prendre le train du lendemain matin, qui ne nécessitait pas de changement de fauteuils, puisque ses portes étaient plus larges.
Les trois intéressés, estimant que personne ne les aiderait non plus le lendemain, ont accepté de voyager dans le wagon critiqué, sans climatisation ni insonorisation.
Le procureur estime que seule Christine Nee est victime, car ses deux compagnons, Rémy Mellbahrzde et Kamel Boubidi, avaient la possibilité physique de changer de fauteuil.
Me Patrick de La Grange, avocat de l'Association des paralysés de France (APF), qui appuie les trois plaignants, estime que "ce n'est pas un regrettable incident" et que "ça ne peut pas se résoudre par une poignée de mains ou des excuses". L'avocat estime que les exigences de la SNCF, qui leur impose de prévenir trois jours à l'avance, venir trois heures à l'avance, d'être accompagnés, sont des discriminations.
Le directeur régional de la SNCF Alain de Saint-Riquier a invoqué des "circonstances exceptionnelles". Parce que, dit-il, "Mme Nee a déclaré qu'elle avait mal au dos et qu'elle était incapable de changer de fauteuil". "Les
agents, ayant peur de faire des gestes malheureux, ont dit ne pouvoir le faire, a ajouté ce cadre de la SNCF, et ces trois personnes ont accepté de voyager dans l'espace technique".
M. de Saint-Riquier a plusieurs fois expliqué que le service public était la préoccupation de la SNCF et de ses agents et que l'entreprise transportait "300.000 handicapés par an". Mais il a cependant estimé normal que Mme Nee n'ait pas reçu d'aide. "Nous ne sommes pas infirmiers, le personnel doit aider pour des gestes de la vie courante", a-t-il dit.
Pour l'APF, la question du mal de dos, niée par Mme Nee, est "une excuse trouvée par un employé qui n'a pas osé, dans une affaire médiatisée, dire à son chef qu'il en avait marre et voulait rentrer chez lui".
Le jugement sera mis en délibéré à la fin des plaidoiries.
OR/pmg/am
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