À Cannes, un jury national de cinéphiles sourds et malentendants, constitué par l'ARDDS (Association de réadaptation et défense des devenus sourds), a décerné le « Prix 2017 du meilleur film sous-titré pour les sourds et malentendants » à Emmanuelle Bercot pour son long-métrage La fille de Brest, inspiré de la vie d'Irène Frachon, pneumologue ayant lutté pour les patients victimes du médicament Mediator. Une œuvre très bien reçue par le public en situation de handicap auditif.
Manque d'accès à la culture
Pour la composition de ce jury, l'ARDDS avait lancé un appel auprès de ses sections régionales et d'autres membres du bureau de coordination Bucodes SurdiFrance, avec l'idée de « recruter » des cinéphiles sourds ou malentendants désireux d'aller voir des films francophones sous-titrés sortis en 2016 et de leur attribuer une note. « Il est très difficile, sinon impossible, d'accéder à la culture pour les six millions de personnes sourdes ou malentendantes en France », explique l'association dans un communiqué publié le 15 mai. C'est donc dans l'espoir de sensibiliser les médias et toutes les personnes concernées par ce manque d'accessibilité que l'association a décidé d'attribuer un « Prix du meilleur film pour les sourds et les malentendants ». Une initiative parrainée par le réalisateur Paul Vecchiali, qui a remis le Prix à Emmanuelle Bercot à l'occasion du festival de Cannes.
Un Prix pour 2018
Pourquoi choisir La fille de Brest ? « Ce film m'a permis de vivre ce qu'ont vécu Irène Frachon et son équipe, de ressentir dans mes tripes, comme elle, leur lutte interminable, leur persévérance, leur découragement parfois, mais aussi les pressions subies, l'injustice, le pouvoir des autorités, alors qu'elle menait un combat juste, non pas pour elle-même mais pour tous ces malades », confie un des jurés. D'autres y voient une « belle leçon de courage pour une cause juste ». Pour la prochaine édition, un nouveau jury est déjà à l'œuvre afin d'attribuer le Prix 2018…
En matière de handicap, la sélection officielle du 70e festival de Cannes avait par ailleurs fait honneur au film Vers la lumière, de Naomi Kawase (lire article en lien ci-dessous), qui mettait en scène un photographe aveugle.
© La fille de Brest / Emmanuelle Bercot