30 minutes d'activité physique quotidienne (APQ) dans toutes les écoles, et désormais dans tous les établissements médico-sociaux ! C'est l'ambition du gouvernement pour lutter contre une sédentarité « inquiétante ». Rendu publique le 25 mai 2023, le rapport de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) et de l'IGESR (Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche) définit les conditions de déploiement de cette mesure dans les structures dédiées aux enfants en situation de handicap. Un « enjeu fort de santé, de confiance en soi et de socialisation ».
Une démarche systémique et durable
Si les activités physiques et sportives (APS) sont déjà présentes dans la quasi-totalité de ces établissements sous des formes diversifiées, elles ne concernent pas tous les enfants et ne sont pas quotidiennes. Face à ce constat, le rapport de 90 pages pointe la nécessité d'une démarche « systémique et durable ». « Mettre en place une pratique physique quotidienne, adaptée à la situation de chaque enfant, est exigeant. Cela appelle des actions de soutien au niveau national et territorial qui doivent s'inscrire dans une approche systémique de valorisation des activités sportives au sein de l'accompagnement médico-social, conformément à la loi du 2 mars 2022 visant à démocratiser le sport », détaillent ses auteures, Geneviève Gueydan (IGAS), Myriam Grafto et Sacha Kallenbach (IGESR). Elles rappellent par ailleurs que la continuité de ces pratiques sportives en dehors de l'établissement, au sein de la famille et à l'école en cas de scolarisation en milieu ordinaire, constitue également un enjeu.
Quelles recommandations concrètes ?
Pour faciliter cette appropriation, le rapport préconise de mettre à disposition des acteurs de terrain des outils facilitateurs (vidéo, fiches, etc.), co-construits par des experts-praticiens du secteur médico-social et de l'activité physique adaptée (APA). Pour qualifier durablement les pratiques, les inspectrices recommandent, d'une part, de renforcer la présence des professionnels du sport au sein des équipes pluridisciplinaires des établissements en l'accompagnant financièrement et, d'autre part, d'aborder davantage le sport dans la formation des professionnels éducatifs. Autres conditions pour diversifier la pratique ? Poursuivre le développement de l'offre parasports de proximité portée par les fédérations sportives mais aussi consolider certains dispositifs mis en place dans la perspective des Jeux de Paris 2024. Le rapport encourage également à « soutenir » ces activités pour les adultes accueillis en établissements, « où elles sont moins présentes ».
L'activité physique, une priorité ?
« Si les acteurs du secteur semblent convaincus des bénéfices d'une pratique sportive accrue au sein des établissements médico-sociaux, le déploiement effectif et généralisé des 30 minutes d'AQP ne semble pas acquis dans un contexte où d'autres priorités prévalent : répondre aux difficultés de recrutement et aux tensions financières, mettre en œuvre la transformation de l'offre médico-sociale... », pointe par ailleurs le rapport. Ces 30 minutes sont pourtant « indispensables pour la santé, en luttant contre l'inactivité et l'obésité et en rapprochant du sport les élèves qui en sont le plus éloignés. Indispensables aussi pour le bien-être en classe, puisque cela permet d'être plus disponible pour les apprentissages et améliore ainsi le climat scolaire », assurait Pap Ndiaye, ministre de l'Education nationale, fin mars 2023 lors de l'annonce de l'extension de ce programme aux 700 000 établissements sociaux et médico-sociaux français (Lire : ESMS : 30 min de sport par jour pour les jeunes handicapés).
Une feuille de route pour booster la pratique
Cette initiative « musclée » s'inscrit dans la feuille de route consacrée au « développement de la pratique sportive des personnes en situation de handicap », dévoilée le 23 mai 2023 par Amélie Oudéa-Castera, ministre des Sports, et Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée aux Personnes handicapées (Lire : Handicap : des mesures pour booster la pratique sportive). Le gouvernement promet ainsi des « politiques publiques mieux éclairées et mieux évaluées », ainsi qu'une « pratique sportive mieux inscrite dans le projet de vie de la personne handicapée » et donc « plus diverse dans tous les lieux de vie » et, enfin, « une haute performance paralympique mieux accompagnée ». Ces mesures seront suivies au sein de la Conférence permanente du parasport, dont la première réunion se tiendra en octobre 2023. Dernière accélération avant le sprint final ?