Décision symbolique de « haut vol » en cette Journée internationale des personnes handicapées ! Le groupe ADP, qui détient les aéroports de Paris, a décidé de renommer Paris Charles de Gaulle en Anne de Gaulle, du nom de la fille du général qui était porteuse de trisomie 21, décédée en 1948, à l'âge de 20 ans. Du 3 au 10 décembre 2022, les voyageurs débarqueront donc à ADG et non plus à CDG. Objectif ? « Promouvoir les actions en faveur de l'insertion des personnes, notamment, atteintes de handicap neurologique et psychique », a expliqué le PDG d'ADP, Augustin de Romanet, sur France Info, le 1er décembre 2022.
Anne de Gaulle en haut de l'affiche pour sensibiliser
Le nouveau nom du sixième aéroport mondial sera visible sur les panneaux de signalétique, le fronton extérieur des terminaux 2A et 2B et à l'intérieur des terminaux 2E et 2F, tandis que la compagnie Air France-KLM annoncera à l'arrivée d'un certain nombre de vols en provenance de pays francophones : « Bienvenue à l'aéroport Paris-Anne de Gaulle ». Des affiches d'information ont également été adaptées, facilitant la lecture et la compréhension, dans les espaces consacrés aux personnes à mobilité réduite (PMR). Cette initiative, mise en place avec la fondation Anne de Gaulle, qui œuvre en faveur des personnes avec une déficience intellectuelle, vise notamment à « interpeller les voyageurs sur la nécessaire mobilisation de tous pour garantir les droits et libertés des personnes en situation de handicap » et ainsi « améliorer leurs conditions de voyage ».
« Relever le niveau d'exigence »
En effet, Augustin de Romanet pointe « des petits détails insupportables » et un accueil « pas toujours optimal » qui peuvent entraver le vol de ce public à besoins spécifiques. « Certaines compagnies aériennes ne signalent pas en temps et en heure les personnes handicapées qui sont à bord des avions », les privant d'un « débarquement adapté », précise-t-il. De même, « les parcours passagers sont parfois marqués par une absence de continuité, avec par exemple des escaliers », déplore le patron d'ADP, affirmant son intention de « relever le niveau d'exigence pour mieux accueillir les personnes handicapées ».
Mobiliser les salariés de l'aéroport...
Au-delà du changement de nom, cette opération est l'occasion de mettre en œuvre l'une des « missions prioritaires » de la Fondation, celle du « transfert de compétences vers tous les acteurs de la société », explique-t-elle dans un communiqué. Pour cela, elle dit avoir sensibilisé, en amont, les personnels des aéroports de Paris en charge de l'accueil aux bases de la Communication alternative augmentée (CAA), pour mieux appréhender la diversité des besoins en communication. Par ailleurs, le 3 décembre, un « Duoday+1 » sera formé entre un salarié de l'aéroport, un membre de la Fondation et une personne qu'elle accompagne, afin de « s'enrichir mutuellement et d'augmenter l'expérience humaine des voyageurs ».
... Et toute la société !
« Il est temps de changer de paradigme pour mieux accompagner les personnes en situation de handicap ! », exhorte Jean Vendroux, président de la Fondation. Il lance à la société un appel à la mobilisation « mais surtout un message d'espoir et d'optimisme : mieux répondre aux besoins de chacun est une compétence citoyenne qui s'apprend et est à la portée de tous ». « Accompagner, c'est un projet de société. Ce ne peut pas être le seul fait de professionnels spécialisés. Quand on restreint le nombre d'acteurs capables d'interagir de manière adaptée avec une personne, c'est de la taille de son monde que l'on décide, estime quant à elle, la directrice générale, Clarisse Ménager. Pour que notre société devienne accompagnante, c'est toute une chaîne d'acteurs qu'il faut en réalité accompagner au quotidien. C'est ainsi que les droits des personnes pourront être effectifs partout, tout le temps, par tous. » Espérons que ce vol à destination d'une terre (plus) inclusive ne subisse pas de perturbations.