Rendre la culture accessible à tous, telle est l'ambition du Centre Pompidou-Metz. Cette antenne du Centre Pompidou de Paris propose ainsi des visites adaptées. Sa valeur ajoutée : un personnel disponible et formé à l'accueil des visiteurs en situation de handicap. Une plongée au cœur de la nuit du XIXème siècle, une profusion de couleurs, une pause détente au son d'un récital de piano, une immersion à 360 degrés dans une sphère extensible… La visite -gratuite pour les personnes handicapées et leur accompagnateur- est pleine de surprises et haute en couleurs !
Des visiteurs sollicités
De l'extérieur, l'architecture est impressionnante. Un édifice moderne, lumineux, aux courbes ondulées qui donne le ton de la visite. A l'intérieur, de vastes espaces permettent à tous les visiteurs de déambuler aisément. « Toutes les activités sont accessibles aux personnes avec un handicap moteur », certifie Clémentine Vogel, chef d'équipe Médiation pour Marianne International. En plus des expositions permanentes, le musée propose une programmation culturelle riche : spectacles vivants, cinéma, conférences… L'objectif : livrer les bases de l'histoire de l'art depuis 1905 en surprenant le public. Au fil de la visite, le spectateur devient « spectacteur », il ne se contente plus de contempler des œuvres mais prend part à de multiples « expériences ». Dans l'une des salles, il laisse sa trace sur un immense tableau noir en dessinant ou en écrivant un message à la craie. Cette œuvre vivante et collective, en perpétuel renouvellement, fait référence aux survivants de Hiroshima qui écrivaient leur nom sur le tableau d'une école primaire, préservé au milieu de l'amas de ruines, pour indiquer à leur famille qu'ils étaient en vie.
Un accueil « sur-mesure »
Le musée met un point d'honneur à l'accueil des visiteurs en situation de handicap. Seul, à plusieurs, avec leur chien d'assistance, l'équipe se tient prête pour les informer et les accompagner durant leur visite. Il leur suffit de se signaler à l'accueil dès leur arrivée ou d'appeler au préalable pour se renseigner sur les différentes solutions proposées. « Les médiateurs ne sont pas là pour surveiller mais pour donner des explications aux différents publics », explique Clémentine Vogel. Des casques d'audiodescription sont disponibles pour les personnes aveugles ou malvoyantes. Il n'y a pas encore de visite en langue des signes française (LSF) mais la billetterie, l'auditorium et les salles de spectacles sont équipés d'une boucle à induction magnétique. Une personne dédiée, Jules Coly, est responsable des publics spécifiques.
Des médiateurs spécialisés
Pour pouvoir répondre à toutes les demandes, son équipe s'est réunie une fois par mois durant un an en s'intéressant, chaque fois, à un type de handicap précis. « A l'issue de cette pratique, nous avons rédigé des fiches typologiques pour établir les bases de l'accompagnement de chaque public », explique Clémentine Vogel. « On essaye au maximum de dédier un médiateur à un type de handicap particulier. Certains IME (instituts médico-éducatifs) et ITEP (instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques), habitués du Centre, ont la même médiatrice à chacune de leur visite, pour éviter de déboussoler les enfants, ou, si elle est absente, une autre personne qu'ils connaissent. » Tous les médiateurs sont volontaires. Clémentine, par exemple, est spécialisée dans l'accueil des personnes malvoyantes. « Je leur décris les œuvres et choisis mes mots avec précaution pour leur faire ressentir l'émotion qu'a voulu transmettre l'artiste ».
Handicap mental et psychique : de riches échanges
Les visiteurs en situation de handicap mental ou psychique peuvent également être accompagnés. « En général, c'est un public plutôt timide, qui n'ose pas nous interpeller », indique Clémentine. Les médiateurs, identifiables à leur tenue, se promènent alors dans les galeries pour forcer la rencontre. « Souvent, les personnes avec un handicap psychique ne se sentent pas à leur place au musée. Elles pensent que ce n'est pas leur 'milieu' et qu'il n'est pas accessible pour eux, déplore Anaïs Bonhomme, une médiatrice. Notre métier consiste justement à casser ces codes, échanger avec eux, les aider à s'approprier les œuvres pour qu'ils puissent ensuite inviter leurs pairs à découvrir cet univers. » Le bouche-à-oreille semble faire effet, selon elle. Parfois, les rôles s'inversent, pour le plus grand bonheur des médiateurs. « Nous avons des échanges très riches avec les personnes qui présentent un handicap mental notamment. Elles voient les choses différemment, et c'est super. Elles m'ont appris beaucoup de choses », poursuit Anaïs.
Infos pratiques
Pour bénéficier de la gratuité, la présentation d'un justificatif (carte d'invalidité ou de priorité de la MDPH, document attestant d'une prise en charge thérapeutique…) est demandée. Des visites-guidées gratuites sont proposées aux établissements ou associations partenaires du musée, tous les mercredis en période scolaire. « Le mercredi est vraiment dédié à l'accessibilité et permet de bénéficier d'une prise en charge spécifique », conclut Clémentine. Pour les autres, il est possible de solliciter les services d'un conférencier, tous les jours de la semaine. La réservation est obligatoire à partir de huit personnes, dans la limite de vingt par groupe, accompagnateurs compris, au moins quinze jours avant la visite.