Entre 4 et 6 milliards d'euros pour rendre les 303 stations du Métro parisien accessibles. En théorie car, en pratique, c'est apparemment une autre affaire. « Dans 50 % des cas, selon la RATP, le gruyère du sous-sol parisien engendre une impossibilité technique incontournable pour l'aménagement d'ascenseurs » : présence d'égouts, terrains instables, enchevêtrement de tunnels, manque de place sur la voirie pour la sortie. Et pour les 50 % restants ? Ca coûte évidemment très cher ! Ouvert en 1900, notre Métropolitain est à la fois une chimère pour les usagers en fauteuil-roulant et un casse-tête pour les équipes et surtout le budget de la RATP. C'est pourquoi la loi handicap de 2005 s'est montrée clémente à l'égard du centenaire et n'a pas réclamé sa mise en accessibilité au bout de 10 ans.
Un modèle à la londonienne ?
Dans son plan de campagne pour la Mairie de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet proposait d'adopter un modèle à la londonienne, c'est-à-dire de définir un minimum de stations accessibles qui permettent néanmoins de proposer un maillage cohérent sur l'ensemble du réseau. Le plus ancien métro du monde, celui de Londres, est partiellement accessible, tout comme celui de Berlin qui n'a pourtant ouvert ses portes que deux ans après celui de Paris.
Quelles stations accessibles ?
« Mais pour autant, se défend la RATP, on ne peut pas dire que rien n'a été engagé ». Certes, pour le moment, seules les 10 stations qui correspondent à des prolongements de ligne en banlieue sont équipées d'ascenseur qui permettent, pour certaines, la connexion avec le tramway. Toutes les stations créées à l'avenir seront accessibles et munies de deux ascenseurs en cas de panne. Depuis 1998, la ligne automatique 14 est entièrement équipée même si, de l'aveu des usagers, des pannes d'ascenseurs compliquent sérieusement le parcours, sans compter la condamnation de certains portillons assez larges pour laisser passer les fauteuils roulants mais aussi les fraudeurs, et dont il faut donc réclamer l'ouverture à un agent. Cette ligne 14 sera l'épine dorsale du projet de transport du Grand Paris, 100 % accessible.
826 escaliers roulants
Cette restriction de mobilité ne concerne pas seulement les usagers en fauteuil roulant. Les mal marchants peuvent aujourd'hui compter sur un bataillon de 826 escaliers roulants. 200 escalators supplémentaires sont prévus d'ici 2020, et notamment à la descente car, pour les personnes ayant des difficultés à se déplacer, les risques de chutes y sont plus importants qu'en montée. Mais impossible pour autant d'envisager le doublement de tous les escaliers statiques !
RER, le bon élève
Il n'en va pas de même dans le RER. Sur les 65 gares du réseau RATP, 63 sont accessibles. Celle de Luxembourg ne l'est pas encore à cause de difficultés techniques mais sa mise en conformité est prévue en 2015 tandis que celle de la Croix de Berny est impactée, pour le moment, par l'aménagement d'un nouveau tramway. Une nouvelle ère est annoncée avec la gare de Nanterre Université qui sera achevée d'ici un an et possède tous les aménagements nécessaires aux usagers tous handicaps confondus.
Réseau de surface, l'alternative
La RATP a mis en place une « Mission accessibilité » et travaille en relation avec toutes les parties prenantes dans ce domaine, et notamment les associations de personnes concernées. S'entendant sur le fait que toutes les stations ne peuvent être rendues accessibles, elle privilégie le réseau de surface. C'est notamment le cas des 5 nouvelles lignes de Tramway, dont celles qui ceinturent désormais la Capitale, mais surtout du réseau de bus qui alimente ce maillage tentaculaire. A Paris, 100 % sont équipés de plancher bas et 96 % de rampes d'accès (tous le seront d'ici 2015).
En banlieue, seules 40 % des 274 lignes sont pour le moment accessibles. Mais le problème n'est résolu qu'en partie à cause des horaires allégés de certaines lignes qui rendent impossibles les sorties en soirée. Sans oublier les pannes récurrentes de rampes amovibles qui contraignent certains passagers à patienter sur le trottoir ! « Selon la RATP, « la maintenance des bus a progressé et des tests sont réalisés de plus en plus souvent au départ mais cela n'exclut pas les problèmes en cours de trajet. » Bref, des alternatives au métro souterrain existent mais mieux vaut ne pas tomber sur le « grain de sable » qui fait parfois dérailler la machine. A trop creuser, on nous avait prévenus que sous les pavés il y a parfois... une plage !