Bientôt entre 27 et 41 euros de plus chaque mois pour les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) ? C'est ce qu'a proposé, le 16 juin 2021, le ministère de l'Education nationale lors d'un groupe de travail ministériel organisé à l'issue du Grenelle de l'Education du 26 mai. Il prévoit ainsi de débloquer, dès 2022, une enveloppe totale de 40 à 60 millions d'euros dédiée à la revalorisation de leur salaire. « Une première marche », selon le Sgen-CFDT, mais « qui doit absolument être suivie d'autres mesures et actée sur plusieurs années ».
Des mois de mobilisation
Malgré la promesse faite début 2020 par le gouvernement d'engager les discussions sur le temps de travail et la rémunération, les AESH continuent de subir des périodes de travail incomplètes, avec vingt-quatre heures de travail hebdomadaires contraints, pour un salaire net de 760 euros par mois, alertent les syndicats depuis plusieurs mois. En avril 2021, en dépit du confinement, des centaines d'AESH manifestaient à travers le pays pour réclamer un « vrai statut » et un « vrai salaire » (article en lien ci-dessous). Le 3 juin, ils étaient à nouveau dans la rue pour exprimer leur amertume face au « mépris » de l'Education nationale (article en lien ci-dessous). L'objet de leur colère ? Contrats précaires, temps partiels imposés, absence de système de mutation ou de gestion des ressources humaines, formation insuffisante, faible évolution de carrière... La liste est longue. « AESH au rabais, élèves sacrifiés », clamaient-ils. Ils semblent (enfin) avoir été entendus... Du moins, un peu.
Revalorisation du salaire ou prime ?
« Actuellement, l'indice plancher de rémunération, qui concernerait près de 90 % des AESH en CDD, mais aussi en CDI dans une moindre mesure, est en lien direct avec le niveau du SMIC. Le levier de revalorisation proposé par le ministère consiste à augmenter les indices de rémunération des AESH », explique le Sgen-CFDT. Autre possibilité évoquée : la mise en place d'une prime. « Quoiqu'il en soit, tous les AESH doivent percevoir une augmentation », assure-t-il. Mais, selon lui, de nombreux autres leviers restent à mettre en œuvre pour améliorer leurs conditions de travail de ces 121 000 professionnels en mal de reconnaissance.
AESH, fonctionnaire B : pas pour tout de suite
Le Sgen-CFDT revendique notamment un statut de fonctionnaire de catégorie B, qui permettrait un « cadre d'emploi plus protecteur », via un temps de travail et une rémunération « dignes ». L'enjeu d'un tel statut ? Une perspective de déroulé de carrière et une reconnaissance réelle de leur appartenance à l'équipe éducative et pédagogique. « Malheureusement, cela n'est pas d'actualité pour le moment, regrette le syndicat, amer. Pour y parvenir, il est nécessaire d'aborder la question de la quotité de travail et de pouvoir permettre aux agents de travailler à temps plein. »
Augmenter la quotité de travail
Il évoque également la possibilité pour les AESH de candidater pour des missions rémunérées en tant que coordonnateur de PIAL (Pôles inclusifs d'accompagnement localisés), qui, selon le gouvernement, doivent permettre de mieux répartir et coordonner les interventions en fonction des besoins et des emplois du temps des élèves. Pour les AESH, en revanche, ces aides mutualisées entre plusieurs élèves auraient « considérablement dégradé leurs conditions de travail », les obligeant à « accompagner de plus en plus d'élèves sur un territoire géographique étendu » tandis que ces enfants « bénéficient de moins d'heures d'aide humaine », selon Sud Education. Il s'agit, toutefois, d'une proposition pour favoriser l'augmentation de la quotité de travail, explique le ministère, assurant qu'il n'y a « aucun caractère d'obligation de cumuler les emplois (périscolaire, cantine) ». Enfin, concernant les conditions de travail, le Sgen-CFDT demande un bilan de l'accompagnement mutualisé. Le prochain groupe de travail aura lieu dans une quinzaine de joursdébut juillet 2021, l'occasion d'échanger sur les nouvelles propositions des syndicats, leur faisabilité et l'avis du ministère.