« AESH au rabais, élèves sacrifiés », déploient sur leurs banderoles les AESH (accompagnants d'élèves en situation de handicap) de Magalas (34). En grève ! Comme des milliers d'autres en France, elles se préparent à descendre dans la rue le jeudi 3 juin 2021 à l'appel d'une intersyndicale*, qui réclame également le soutien de leurs collègues et des parents d'élèves. Déjà le 8 avril, malgré le confinement, ces « premiers de corvée » avaient été nombreux à se mobiliser pour « alerter sur la situation subie par ces personnels » que les syndicats considèrent « méprisés par l'Éducation nationale ». Depuis, selon les syndicats, « aucune annonce n'a été faite sur la reprise des discussions, aucun calendrier de concertation n'a été donné pouvant laisser croire à la disponibilité du ministère à tenir ses engagements ».
Quelles revendications ?
Ces personnels, 110 000 au total, soit 10 % des agents de l'Education nationale, revendiquent l'augmentation de leur salaire et la possibilité de contrats à temps complet pour leur permettre « de vivre dignement », ainsi que la création d'un « véritable statut de la Fonction publique », déplorant trop souvent des contrats précaires, temps partiels imposés, absence de système de mutation, formation insuffisante, faible évolution de carrière, absence de gestion des ressources humaines… Par ailleurs, ils exigent un recrutement « massif » pour « permettre aux élèves en situation de handicap de bénéficier d'un accompagnement à la hauteur des notifications ». Enfin, les PIAL (Pôles inclusifs d'accompagnement localisé), généralisés depuis la rentrée 2019, sont au cœur des débats ; ces aides mutualisées entre plusieurs élèves auraient « considérablement dégradé leurs conditions de travail », obligeant les AESH à « accompagner de plus en plus d'élèves sur un territoire géographique étendu » tandis que ces enfants « bénéficient de moins d'heures d'aide humaine », selon Sud Education.
Rentrée 2021 redoutée
Depuis la rentrée, pas de changement, selon DFD (Dyspraxie France dys) 13 qui dénonce des accompagnements d'élèves handicapés « amputés de façon drastique », parfois seulement cinq heures par semaine d'AESH mutualisé dans l'académie d'Aix-Marseille, au mépris des décisions MDPH, ce qu'elle juge « indécent ». Ayant alerté sans relâche ministres et députés, en vain, cette association dit sa « colère » car, même si depuis des mois la situation sanitaire est « bien évidemment une urgence absolue », elle ne doit pas être un prétexte pour « occulter le reste ». « Les répercussions sont graves sur le terrain et les associations sont assaillies de remontées dramatiques des familles qui subissent de plein fouet cette situation », alerte-t-elle auprès des medias. Elle dit déjà redouter la rentrée de septembre 2021.
*CGT éduc'action, FNEC-FP-FO, FSU, SNALC, SNCL-FAEN, SUD