Agriculteur handicapé : le dur labeur de Sébastien

À 40 ans, Sébastien Huet se dit miraculé. Après plusieurs accidents de travail et une sclérose en plaques stabilisée, l'agriculteur normand n'a pas renoncé à son exploitation maraîchère malgré ces avaries qui l'ont tout de même fragilisé. Reportage.

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Sébastien Huet a autant de carrières professionnelles que de soucis de santé. Ce maraîcher bio à Noyers-Bocage dans le Calvados n'a pourtant pas choisi la reconversion professionnelle la moins physique. Atteint d'une sclérose en plaques diagnostiquée en 2016, aujourd'hui stabilisée, et « abîmé » suite à plusieurs accidents (de travail et de la circulation), le quadragénaire continue d'assurer aux champs et derrière son étale. Puisqu'il exerce tout seul, de la plantation des semis en passant par la récolte et la vente en AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne). Nous sommes allés à sa rencontre en Normandie pour un reportage vidéo (ci-contre), à retrouver sur Handicap.live et les réseaux sociaux de Handicap.fr. 

Des douleurs quotidiennes

Malgré un handicap reconnu et une allure claudicante, il cultive avec passion un hectare et demi de légumes sans jamais renoncer à son métier ou à ses valeurs. « J'entretiens ces parcelles au motoculteur et à la motobineuse. Les principaux travaux sont réalisés de façon sommaire », reconnaît Sébastien. Un dur labeur qui n'épargne pas son corps déjà fragilisé. Difficultés à monter les escaliers, à plier son bras, à se courber… Les douleurs physiques sont quotidiennes. Alors il adapte son travail avec ingéniosité : diversification des tâches, recherche de solutions pratiques et aide familiale. « Mon épouse a pris un mi-temps depuis l'accident pour pouvoir me donner un coup de main. Je peux compter également sur mes enfants qui participent à l'effort collectif. » Son quotidien illustre la réalité du handicap dans l'agriculture et l'importance des adaptations. Pour Sébastien, aides techniques riment plutôt avec système D : « Avant, les volets qui servaient de tréteaux pour les marchés, je les portais. Maintenant je les roule ».

Une exploitation viable grâce aux aides

Malgré un investissement personnel et financier considérable, l'exploitation de Sébastien reste déficitaire. « La question se pose souvent de continuer ou non l'activité », admet le maraîcher normand. Or, il n'envisage pas pour le moment de renoncer aux sacrifices engagés pour la ferme : pas moins de 30 000 euros, dont un tracteur et de nouvelles serres. « On n'a pas de smartphone, on roule en Dacia et on mange nos propres légumes », précise-t-il. Sobriété, autonomie alimentaire et recours aux aides (Agefiph, MSA, Cap emploi) lui permettent de tenir, révélant la précarité de nombreux agriculteurs en situation de handicap. Pour rappel, en France, environ 25 000 personnes en situation de handicap travaillent dans le secteur agricole, ce qui représente 2,2 % des personnes handicapées en emploi, d'après le ministère de l'Agriculture (Handicap : travailler en agriculture, avec ses "différences"). 

© Clotilde Costil

Sébastien Huet, les mains sur les hanches, dans son champ sous serre.
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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