Le parlement allemand a rendu hommage le 27 janvier 2017, à l'occasion de la journée d'hommage aux victimes des nazis, aux personnes malades et handicapées assassinées en secret par le régime d'Adolf Hitler. En présence de la chancelière Angela Merkel et du président Joachim Gauck, sur fond de drapeaux allemands en berne et devant un hémicycle bondé et figé, un comédien porteur de trisomie et des descendants des victimes de ce massacre perpétré en Allemagne sous couvert d'euthanasie ont lu des lettres et témoignages.
Gazés dans les hôpitaux
Hartmut Traub a retracé la mort de son oncle Benjamin, schizophrène gazé à 27 ans, en 1941, dans une chambre hermétique installée au sous-sol d'un hôpital psychiatrique, « avec 63 autres personnes pendant qu'un infirmier vérifiait par une lucarne de contrôle qu'ils étaient bien en train de mourir, c'était le protocole ». Entre janvier 1940 et août 1941, plus de 70 000 personnes atteintes de maladies mentales, héréditaires ou de handicaps, et que les nazis considéraient comme « indignes de vivre », ont été gazées et incinérées dans six lieux dédiés à travers l'Allemagne. Il s'agissait pour les autorités de mettre en application une politique eugéniste destinée à protéger le patrimoine génétique de la soi-disant race aryenne. Les protestations individuelles ont entraîné l'arrêt officiel du programme.
Autres temps, autres meurtres…
Mais les meurtres ont continué jusqu'en 1945 sous d'autres formes : privation de nourriture, négligence, injections de doses létales d'antidouleurs par le prétendu personnel soignant. Ce programme secret baptisé « T4 » a fait environ 300 000 victimes. Un premier mémorial a été inauguré à Berlin en 2014 (article en lien ci-dessous), dans la rue où une poignée de dirigeants nazis ont élaboré ce programme clandestin. Chaque année le 27 janvier, date anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz en 1945, des commémorations sont organisées notamment dans les différents mémoriaux des camps nazis en Europe.
Hommage de la France
Rappelons que le 10 décembre 2016, pour la première fois, la France rendait hommage aux 45 000 victimes handicapées et malades de la 2e guerre (article en lien ci-dessous). François Hollande avait alors inauguré une plaque commémorative sur le parvis des Droits de l'Homme, au Trocadéro. Gravé à jamais face à la Tour Eiffel ; il y est écrit : « 45 000 d'entre elles, fragilisées par la maladie mentale ou le handicap et gravement négligées, sont mortes de dénutrition dans les établissements qui les accueillaient ».