Allocation journalière proche aidant : pas assez mobilisée

Deux ans après sa mise en œuvre, l'Allocation journalière du proche aidant (AJPA) reste méconnue et peu mobilisée. A cause de conditions trop restrictives ? Une étude suggère une simplification de la procédure et un renforcement de la communication.

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Le recours à l'Allocation journalière du proche aidant (AJPA) reste encore modeste, avec 6 626 droits ouverts entre son lancement en septembre 2020 et février 2022, selon un bilan publié par la direction de la Sécurité sociale peu avant la Journée des aidants du 6 octobre 2022. Rappelons que l'AJPA est un revenu de remplacement qui s'adresse au proche aidant d'une personne en situation de handicap ou de perte d'autonomie d'une particulière gravité, qu'il soit salarié, fonctionnaire, travailleur indépendant réduisant ou interrompant son activité ou chômeur indemnisé suspendant sa recherche d'emploi pour accompagner un proche. Elle est versée dans la limite de 66 jours pour l'ensemble de la carrière, quelle que soit l'activité professionnelle exercée et quel que soit le nombre de personnes aidées. Au 1er janvier 2022, son montant est fixé à 58,59 euros par jour.

270 000 bénéficiaires

Lors de sa mise en œuvre en 2020, on estimait à 270 000 salariés et 67 000 agents publics les personnes éligibles à l'Ajpa. Cette aide, de 58,59 euros par jour actuellement, est versée aux proches qui prennent un congé pour s'occuper d'une personne handicapée ou en perte d'autonomie. Près des deux tiers des "aidés" ont plus de soixante ans : 31 % entre 60 et 79 ans, 32 % entre 80 et 89 ans et 12 % plus de 90 ans, selon un rapport d'évaluation du dispositif. "Une partie des personnes aidées de plus de 60 ans le sont au titre d'un handicap, et non d'une situation de dépendance liée à l'âge. Ainsi, au total, le dispositif bénéficie en égale proportion aux aidants de personnes handicapées (51 %) et aux aidants de personnes en perte d'autonomie liée à l'âge (49 %)", relève le rapport.

Dispositif méconnu

Pourquoi un si faible taux de recours ? L'étude évoque une "méconnaissance du dispositif" encore récent, et une mauvaise compréhension des conditions d'éligibilité : ainsi, sur les 18 987 demandes d'Ajpa déposées auprès des Caisses d'allocations familiales (Caf), seules 6 626 d'entre elles ont donné lieu à une ouverture de droits. L'étude bilan suggère donc une simplification de la procédure de demande et un renforcement de la communication autour de ces dispositifs. Ce sont peut-être aussi certaines conditions restrictives d'attribution qui peuvent être mises en cause. En effet, l'AJPA n'est pas due lorsque le proche aidant est employé par la personne aidée dans le cadre de l'APA (allocation personnalisée d'autonomie) ou de l'élément aide humaine de la PCH (prestation de compensation du handicap). Elle n'est également pas cumulable avec d'autres prestations (liste complète en lien ci-dessous) : congés maladie et maternité, indemnités chômage, complément et la majoration de l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH) perçus pour le même enfant lorsque la personne accompagnée est un enfant dont il assume la charge, allocation adulte handicapé (AAH), allocation journalière de présence parentale, allocation journalière d'accompagnement d'une personne en fin de vie....

Non recours accru par le télétravail

Le télétravail et le chômage partiel, facilités pendant la crise sanitaire du Covid, ont par ailleurs réduit le recours au dispositif -alors même que de nombreux établissements accueillant les personnes âgées et handicapées ont fermé. "Le recours massif au télétravail et des dispositifs de chômage partiel ouverts aux salariés vivant avec une personne vulnérable" ont pu réduire le besoin de demander un congé proche aidant "en facilitant déjà la présence de l'aidant auprès de son proche et la conciliation avec leur vie professionnelle", indique le rapport.

D'autre part, "l'Ajpa n'étant ouverte que sur une période de 66 jours et le congé de proche aidant sur une période d'un an sur l'ensemble de la carrière, les proches aidants ont pu aussi faire le choix de ne pas mobiliser ces droits lorsque d'autres dispositifs existaient au niveau national".

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