Nouveau sur handicap.fr en 2017. Chaque mois, votre media en ligne vous propose un vaste dossier thématique. En février, mois de la Saint Valentin, c'est l'amour et la vie affective et sexuelle qui sont à l'honneur (les autres articles de cette série en lien ci-dessous).
Animatrice au sein de groupes de parole, Jennifer Fournier est docteur en sciences de l'éducation à l'université Lumière Lyon II. Elle est l'auteure d'une thèse sur la vie affective et sexuelle de personnes porteuses d'un handicap moteur au sein d'établissements médico-sociaux. Avec Yves Jeanne, maître de conférences, et Charles Gardou, anthropologue, rattachés à la même université, elle est également à l'origine du programme de recherche « Mes amours : accès à la vie amoureuse et à la sexualité des personnes présentant une déficience intellectuelle », conçu en collaboration avec la fédération Trisomie 21 et soutenu par la FIRAH (Fondation internationale de la recherche appliquée sur le handicap), qui l'a nommé lauréat de son appel à projets en 2014.
Par et pour les personnes trisomiques
Comme son nom le laisse deviner, Mes amours est né d'une réflexion sur la vie amoureuse des personnes atteintes d'une déficience intellectuelle. Fruit d'une collaboration entre de nombreux acteurs, dont le CHU de Saint-Étienne et le CeRHeS (Centre ressources handicaps et sexualités) de Lyon, il consiste à former des personnes trisomiques pour intervenir auprès de leurs pairs. En clair, des ateliers sont co-animés par des binômes constitués, notamment, de personnes trisomiques. L'idée principale ? Sensibiliser d'autres personnes porteuses d'un handicap intellectuel aux questions de sexualité, de contraception, d'amour, de désir…
Formation interactive
Comment appuyer cette formation de façon ludique et durable ? Les équipes à l'origine du projet ont imaginé une exposition. Un outil créé avec et pour les personnes porteuses de trisomie 21, considérées comme expertes de leur déficience. « Cette exposition est à visée formative et interactive : elle comporte de nombreux visuels et fait appel au travail de photographes, d'infographistes, d'illustrateurs… », explique Jennifer Fournier. Ici, pas question de stigmatisation mais plutôt de recherche avec les personnes, avec une vocation à travailler ensemble. Ce qui implique échanges, partenariats et concertation.
Améliorer la qualité de vie
En conséquence, sept binômes de différentes régions se sont rassemblés durant quatre week-ends pour concevoir cet outil pédagogique. Une fois finalisé, il sera entièrement gratuit et disponible en ligne sur le site des partenaires du projet, dont celui de la FIRAH (en lien ci-dessous). Les premières interventions auront lieu entre avril et juin 2017 dans différents établissements (ESAT, EA…). Une première version sera proposée fin mars.
Un outil novateur
Novatrice, cette « formation préconstruite » aborde des thématiques majeures : méconnaissance du corps, des interdits et des droits, difficulté à décoder ses émotions ou survalorisation de celles-ci, incapacité à percevoir les attitudes implicites telles que la séduction, difficulté à s'affirmer ou même à répondre clairement par « oui » ou par « non »... Le but principal étant d'améliorer la qualité de vie des personnes porteuses d'un handicap intellectuel.
Un colloque dédié le 14 juin 2017
Le projet sera par ailleurs mentionné lors du colloque « Désir et aimer, quelle liberté ? Construction des savoirs et transmissions », qui se tiendra à l'Université Lyon II le 14 juin 2017 en présence de Charles Gardou. L'occasion de croiser plusieurs dimensions de la vie de personnes en situation de handicap intellectuel : santé, éthique, déontologie, vie sexuelle et affective… Et Jennifer Fournier de conclure : « Nous constatons que les désirs de ces personnes, leurs souhaits sont exactement les mêmes que les nôtres. Cette thématique nous dit tout ce que nous avons fondamentalement en commun. »
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