Par Vanessa Carronnier
Les Jeux de Paris 2024 devaient « être l'occasion d'un coup d'accélérateur pour une société plus inclusive », avait déclaré un an avant les compétitions Élisabeth Borne, alors Première ministre. Le gouvernement avait promis de faire de cet événement un levier pour l'accessibilité. Un an plus tard, les associations regrettent que l'héritage concret pour les personnes en situation de handicap reste limité.
Une audience inédite pour le parasport
Organisés pour la première fois sur le sol français du 28 août au 8 septembre 2024, les Jeux paralympiques ont rassemblé quelque 4 4000 para-athlètes, en lice dans 549 épreuves. Basket-fauteuil, cécifoot ou encore boccia : en France, six personnes sur dix ont regardé au moins une compétition paralympique, selon une étude de l'Injep (Paris 2024 : un bilan spectaculaire pour les JO et les JP!). « On a pu voir une diversité de handicaps, des performances sportives, des portraits d'athlètes, ce qui a permis de changer de manière positive le regard sur les personnes handicapées », commente Aude Moulin Delalande, responsable sport de l'APF France handicap. « Mais, maintenant, il faut continuer à travailler pour changer leur place dans la société. »
Des promesses d'accessibilité... partiellement tenues
Côté accessibilité, les organisateurs des Jeux avaient affiché de grandes ambitions. Certaines avancées ont été saluées : annonces sonores sur les lignes de métro dépourvues, automates de vente avec interface vocale à la RATP, espaces pour chiens guides et salles équipées à ADP, ou encore programme de mise en accessibilité dans 547 des 736 gares prioritaires pour la SNCF (JO 2024 : un booster d'accessibilité pour les villes).
Mais, pour Arnaud de Broca, président du Collectif handicaps, « les Jeux n'ont pas entraîné de changement structurel de la société, mais ce n'est pas ce qu'on peut attendre d'un événement sportif ponctuel ». Il regrette toutefois que le gouvernement « se soit peu mobilisé pour changer les choses ».
Une prise de conscience mais un manque d'actions
L'année 2025 a aussi marqué les 20 ans de la loi Handicap de 2005 (Loi de 2005 toujours pas appliquée : place à l'action!). L'exécutif en a profité pour annoncer quelques mesures : contrôles d'accessibilité, accessibilité numérique, clubs sportifs inclusifs. Mais les associations les jugent largement insuffisantes. « On parle davantage de handicap, on prend en compte la parole des personnes, il y a eu une prise de conscience », reconnaît Bruno Gendron, président de la Fédération des aveugles et amblyopes de France. « Mais, dans les faits, tout le travail est encore à réaliser. »
Un regain d'intérêt pour la pratique sportive
Côté sport, la dynamique est pourtant tangible. « On a gagné cette année +10 à 15 % de licenciés », indique Christophe Carayon, directeur technique national adjoint de la Fédération française handisport. Une hausse « significative », notamment dans certaines disciplines comme la boccia, dans laquelle la Française Aurélie Aubert a remporté une médaille d'or (+21 % de licences de boccia : "l'effet Aurélie Aubert"!). Mais là encore, les limites sont rapidement atteintes. « La principale difficulté reste le manque d'accessibilité des infrastructures sportives », insiste-t-il.
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