De la science-fiction à la réalité, il n'y a qu'un pas. Des chercheurs du prestigieux Massachusetts institute of technology (MIT), près de Boston, aux Etats-Unis, ont mis au point la première « jambe bionique » entièrement contrôlée par le cerveau. Sept personnes amputées d'une jambe ont ainsi pu remarcher de manière quasi naturelle et à la même allure que les « valides », sans pensée consciente. La preuve en images (vidéo ci-contre) !
Meilleur équilibre et flexibilité
Au total, quatorze personnes amputées sous le genou ont participé à cet essai clinique, la moitié possédant une prothèse classique et le reste une prothèse bionique. Après six heures de test, ces derniers ont marché 41 % plus vite, avec un meilleur équilibre, un contrôle plus fin de leur vitesse et une capacité décuplée à monter des escaliers et franchir des obstacles. Au préalable, ils avaient subi une intervention chirurgicale de pointe visant à relier « des paires de muscles dans les sections résiduelles de leurs jambes ».
Comment ça « marche » ?
Concrètement, comment ça « marche » ? Cette jambe robotique faite majoritairement de titane et de silicone pèse 2,75 kilogrammes. « Elle utilise une interface informatique qui amplifie les signaux nerveux des muscles dans la partie restante de la jambe et permet à la personne qui la porte de déplacer la prothèse avec ses propres pensées et réflexes naturels », explique la revue scientifique Nature qui a publié les résultats de cette étude inédite le 1er juillet 2024. « La jambe bionique elle-même comprend une cheville prothétique intégrée à des capteurs, ainsi que des électrodes fixées à la surface de la peau. Ceux-ci capturent les signaux électriques produits par les muscles au niveau de l'amputation et les envoient à un petit ordinateur pour être décodés », détaille-t-elle.
L'humain contrôle à 100 % la machine
« Il s'agit de la première étude qui démontre des schémas de démarche naturels avec une modulation neuronale complète où le cerveau de la personne est à 100 % en contrôle de la prothèse bionique, et non d'un algorithme robotique », a précisé le co-auteur de l'étude Hugh Herr, biophysicien au MIT, lors d'une conférence de presse. Habituellement, le membre robotique conserve le contrôle du mouvement, sans donner l'impression de faire partie du corps. Cet ingénieur américain, lui-même amputé des deux jambes à la suite d'un accident d'escalade survenu à ses 15 ans, envisage d'avoir recours à ce type de prothèse.
Les pistes d'amélioration
Prochaines étapes : la conception d'une jambe plus légère et la mise à niveau des électrodes de surface, qui, étant sensibles à l'humidité et à la sueur, pourraient être obsolètes en cas d'usage quotidien. Par ailleurs, d'autres études sont envisagées pour tester la prothèse sur le sprint et le saut.
Des jambes bioniques accessibles à tous ?
Les chercheurs espèrent une commercialisation d'ici cinq ans. A terme, l'idée est de rendre cette technologie accessible à toutes les personnes amputées. Leitmotiv ? « Elles veulent être au contrôle de leur membre et sentir qu'il fait partie de leur corps », souligne Tommaso Lenzi, ingénieur biomédical à l'Université de l'Utah à Salt Lake City (Etats-Unis). Mais à quel prix ? Aucun tarif n'a, pour l'heure, été communiqué.
© H. Song et al. / Nature
0
0
