On les appelle « animal de soutien émotionnel » ou « emotional support animal » en anglais (Esas). Des chiens, des chats qui, à l'instar des chiens-guides d'aveugle ou d'assistance, accompagnent ceux qui ont subi un traumatisme psychique dans le but de les rassurer, de les tranquilliser. C'est le cas, notamment, des anciens soldats victimes d'anxiété ou de dépression après leur retour d'opérations militaires. Kate Skywalker, une Canadienne membre des Forces armées pendant plus de dix ans, a sombré dans la dépression. Elle ne se sépare jamais de son chat, présence qui la réconforte. Pourtant, elle s'est vue refuser son embarquement en octobre 2015 sur un vol d'Air Canada, au motif que le règlement intérieur de la compagnie exclut la présence à bord de ses appareils des animaux pour personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.
A l'encontre des directives officielles
A l'embarquement, elle avait pourtant présenté tous les documents d'enregistrement de l'animal, accompagnés d'une lettre de son psychiatre expliquant les raisons médicales pour lesquelles elle devait voyager avec l'animal. Mais la compagnie n'en a pas démordu. Kate de s'insurger qu'on ne reconnaisse que les animaux d'assistance aux personnes ayant un handicap physique ou visuel. Air Canada est la seule compagnie aérienne d'Amérique du Nord à ne pas accepter les animaux de soutien, allant à l'encontre des directives officielles. Et notamment celle des Forces armées nationales qui attestent la hausse des victimes de stress post-traumatique, tout comme le nombre d'animaux de soutien émotionnel prescrits par les psychiatres. Pour le moment, la compagnie reste muette, se contentant de réaffirmer son règlement intérieur : « Nous acceptons sur tous les vols les animaux de service pour les personnes souffrant de handicap. Ces animaux doivent être en laisse, entraînés et certifiés par un établissement professionnel de service animalier », mais sans se poser davantage de question sur la notion de « handicap ».
Panique en cabine !
La polémique enfle néanmoins aux Etats-Unis où les « Esas », autorisés dans les avions, sèmeraient la pagaille en cabine. Le personnel navigant déplore des animaux hors cages qui n'ont rien à faire là et qui posent le problème d'allergies à certains passagers ou de cohabitation avec les chiens guides. La compagnie Jet Blue a réalisé ses propres statistiques qui attestent de l'ampleur du phénomène. En 2014, elle estime à plus de 20 000 le nombre d'animaux de soutien émotionnel ayant voyagé sur ses lignes. Citée par le NYT, Marcie Davis, créatrice de la Semaine internationale du chien d'assistance explique : « C'est devenu un gros problème. J'ai vu des gens amener leurs animaux de compagnie et essayer de les faire passer pour des soutiens émotionnels ou des chiens de service. Ce n'est pas correct et ce n'est pas sans risque. Les chiens d'assistance sont dressés pour ne pas aboyer en public, ni sentir d'autres chiens ou gens [...]. Mon chien a été à plusieurs reprises attaqué.»