Décidemment, les d'jeuns ne nous écoutent pas. Ou plutôt ils ne nous « entendent plus » ! C'est en tout cas le bilan alarmant dressé par l'association JNA. Les pratiques sonores mettent non seulement en danger leur santé auditive mais provoquent surtout la détérioration irrémédiable de leur capital auditif.
La santé auditive des jeunes se dégrade
A l'occasion de la 18ème édition des Journées nationales de l'audition, l'association éponyme dévoile les résultats d'une enquête : « Risques auditifs : les jeunes font encore la sourde oreille. Des clés pour agir. » Tous les acteurs de la prévention en arrivent aux mêmes constats : la santé auditive des jeunes se dégrade. Et, malgré de nombreuses campagnes, rien ne bouge… Comment expliquer cette inertie ? Mais surtout quelles clés utiliser pour que la prévention des risques auditifs ait un réel impact. JNA et l'institut Ipsos sont donc allés à la rencontre des jeunes et de leurs parents et ont posé de vraies questions. Des résultats qui, faut-il l'espérer, vont permettre aux acteurs de la prévention de mettre en place des actions répondant à leurs attentes.
« Les problèmes d'audition, ça ne tue pas ! »
Les 18 à 23 ans vivent dans le bruit et plus précisément « avec le bruit », l'absence de bruit allant même jusqu'à être considérée comme « anormale » et « angoissante ». Certains affirment que le silence s'apparente à la nuit et à la mort. Et puis, « les problèmes d'audition c'est pour les vieux ». Pas vraiment concernés ! Ces jeunes n'agissent que lorsque la situation devient vraiment grave. Selon eux, « c'est comme la grippe, ça passe tout seul ». Et puis, après tout, « les problèmes d'audition, ça ne tue pas… ». Ainsi, près d'un sur deux déclare ne pas s'inquiéter de son capital auditif, et pour 28 % les gestes de prévention représenteraient une contrainte supplémentaire.
Une prévention inefficace
Même pas peur, en somme ; 70 % des jeunes interrogés placent en effet les problèmes de vue devant les problèmes auditifs. Ils semblent alertés, disent de plus en plus « avoir vu, lu ou entendu des messages de prévention pour protéger ses oreilles » mais qui ne pénètrent pas autant que les acteurs de prévention le souhaiteraient. Pourtant, 2 jeunes sur 3 se disent personnellement sensibilisés et 82% des parents affirment l'être. Pour autant, ils sont 61% à écouter de la musique au moins 1 heure par jour, proportion stable par rapport à 2012. Une surprise dans cette nouvelle enquête : la prise en compte de la notion de « pause auditive », temps de récupération nécessaire au système auditif. Ainsi, 1 jeune sur 4 en a entendu parler.
Quelles clés pour agir ?
Quelles seraient alors les nouvelles clés pour agir et rendre les programmes de prévention plus efficaces, selon les personnes interrogées ? Tout d'abord mettre en place un suivi régulier des capacités auditives. Mais également développer une application sur smartphone pour leur indiquer tout dépassement du niveau de son acceptable car, faut-il le rappeler, 74 % des Français ne sortent jamais sans leur portable ! Aussi, selon leurs préconisations, il est nécessaire de leur provoquer « un choc émotionnel » pour qu'ils puissent se rendre compte de la menace et du risque auxquels ils sont exposés, à l'instar des campagnes à l'anglo-saxonne, bien plus efficaces que les « messages intello » ! Des distributions systématiques de protections auditives peuvent également offrir une solution mais à condition de les rendre « plus funs ». Car, évidemment, les bouchons ça fait « ringard ». Enfin, les professeurs de SVT et la médecine scolaire sont plébiscités par trois-quarts des jeunes pour leur délivrer des messages de prévention à l'école.
Lors de cette 18e Journée nationale de l'audition, le 12 mars 2015, près de 3 000 participants officiels organiseront partout en France des concerts pédagogiques, des contrôles gratuits de l'audition, des ateliers, des conférences… Ils relaieront ce message indispensable : « Bien entendre, c'est bien vivre » et inviteront les parents à surveiller l'état du capital auditif de leurs enfants.