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Hors normes vous prend aux tripes : succès assuré?

Du rire aux larmes, Hors normes joue avec nos émotions ! Un film captivant et sans fausse note, sur un sujet pourtant délicat : l'accompagnement des personnes autistes sévères. Nouvelle prouesse du duo Nakache/Toledano, en salle le 23 octobre 2019.

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Bruno et Malik vivent depuis vingt ans « dans un monde à part », celui des enfants et adolescents autistes. Au sein de leurs deux associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés « d'hyper complexes ». Une alliance hors du commun pour des personnalités hors normes ! Des « jeunes de banlieue » qui donnent un coup de pouce aux personnes handicapées... C'est devenu la marque de fabrique d'Eric Toledano et Olivier Nakache! Une alliance qui a porté ses fruits avec Intouchables, et risque de faire, une nouvelle fois, des étincelles avec Hors normes. Un film poignant et authentique, inspiré d'une histoire vraie, en salle le 23 octobre 2019.

Un film sur l'engagement

Dès les premières images, le spectateur entre presque par « effraction » dans le film. Une jeune femme court, crie, gesticule... Elle tente de s'échapper. Que veut-elle fuir ? S'ensuit une course poursuite, filmée caméra à l'épaule. Les souffles, les pas sur le bitume, la musique... Tout est fait pour que le public soit « confronté d'emblée à la violence, puisqu'elle existe », souligne Eric Toledano. Un thriller, un film à suspense, un docufiction sur l'autisme ? Rien de tout cela, simplement un film sur « l'engagement et sur les gens qui prennent soin des autres », répond Vincent Cassel, qui interprète Bruno. Il est, certes, question de violence mais aussi de douceur et de bienveillance. La relation qui lie les jeunes autistes à leurs encadrants est mise en lumière, avec finesse, sans jamais tomber dans le misérabilisme et le pathos.

Appréhender l'autisme

Immergé dans le quotidien de ces jeunes différents, le spectateur découvre le milieu médico-social, à travers les yeux de Dylan, un apprenti encadrant, qui met, pour la toute première fois, les pieds dans une Unité sanitaire interdépartementale d'accueil temporaire d'urgence (Usidatu). Il y fait la connaissance de Valentin, autiste non verbal, qui porte un casque de rugby pour l'empêcher de se faire du mal. « Notre cinéma raconte toujours des rencontres peu probables. Celle-ci avait une dimension particulière : comment des êtres qui ne communiquent pas ou peu et sont considérés comme en dehors de la norme arrivent-ils à faire communiquer des gens dits 'normaux' qui eux ne communiquent plus ? », déclare Eric Toledano. Dylan a du mal à comprendre le fonctionnement de son protégé : « Un coup il me sourit et la minute d'après il me fout un coup de tête, pourquoi ? » « Ce sont des anges mais leur handicap se manifeste par des coups de coude ou de boule. La racine de cela n'a rien à voir avec de la violence, répond Reda Kateb, qui joue Malik. Ils ne sentent pas leur corps même s'il est difficile de généraliser puisqu'il y a plus de 250 cas d'autisme répertoriés. » Pour permettre à Valentin de s'ouvrir, ses encadrants décident de l'emmener faire de la médiation équine, facteur d'épanouissement, d'autonomie et de socialisation (article en lien ci-dessous).

L'humour pour dédramatiser

L'humour est également présent et tombe toujours à point nommé pour permettre au spectateur de souffler entre deux scènes lourdes en émotions. « Non Joseph, on ne tape pas sa mère, on ne tire pas la sonnette d'alarme et on ne met plus sa tête sur l'épaule de Brigitte ! » Joseph est l'une des figures de proue du film. Aussi turbulent qu'attachant, il incarne toute la singularité des personnes autistes. Sa passion ? Tirer le signal d'alarme dans le train. Il a également des accès de violence que seul Bruno semble pouvoir tempérer. Sa méthode : la verbalisation. « Personne ne voulait de lui, explique sa mère de fiction. Les institutions ? Pour le maîtriser, ils le bombardaient de médicaments. Il ne rentrait plus dans les cases... »

Transgresser la norme

A travers le discours de cette maman, le spectateur découvre la détresse de nombreux parents d'enfants handicapés, à cours de solution. « Que va-t-il devenir quand je ne serai plus là ? », « Ils sont mignons quand ils sont petits mais, quand ils grandissent... Le regard des gens change, déplore-t-elle. Il y a ceux qui ne vous regarde pas et ceux qui ne vous écoutent plus. » Un clivage intolérable pour Bruno qui, par « nécessité », s'affranchit des règles, ouvre des appartements de nuit pour accueillir ces jeunes autistes et fait travailler des référents non diplômés. « Vous en connaissez beaucoup des diplômes qui préparent à se prendre des droites toute la journée ? », réagit Malik. Cette prise de distance avec la légalité lui vaut une inspection de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales), qui menace de fermer son association.

Un jeu d'acteur fascinant

La réussite de ce film tient également au jeu particulièrement fin et charismatique des deux protagonistes, Vincent Cassel et Reda Kateb, et de tous les autres acteurs, dont certains, tels que Benjamin Lesieur, qui interprète Joseph, sont porteurs d'autisme. Un film nécessaire pour faire bouger les lignes mais aussi « salvateur », notamment pour Marco Locatelli (Valentin), qui a souhaité joué ce rôle pour « se rapprocher » de son frère autiste et « l'aider à l'aimer ». « L'idée était d'inclure de vrais encadrants et de vrais autistes, de mêler réel et fiction, en permanence, dans un mouvement de va-et-vient constant et ainsi, donner la possibilité d'entrer dans l'intimité des personnages, leur quotidien et leurs enjeux », explique Olivier Nakache. Valentin pourra-t-il ôter son casque ? L'association fermera-t-elle ses portes ? Josef arrivera-t-il à faire un trajet en train sans tirer le signal ? Plus que quelques jours à patienter pour le savoir...

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