La mortalité parmi les personnes autistes a augmenté de 700% aux Etats-Unis au cours des seize dernières années, selon une étude de la faculté de santé publique de l'Université Columbia publiée le 21 mars 2017 dans l'American Journal of Public Health. Elles meurent trois fois plus de blessures accidentelles ou volontaires que le reste de la population, selon cette étude basée sur une analyse des certificats de décès de 32 millions de personnes dans le registre national entre 1999 et 2014.
Une mortalité précoce
Les chercheurs ont identifié 1 367 personnes (1 043 hommes et 324 femmes) qui avaient été diagnostiquées du trouble du spectre autistique. L'âge moyen au moment du décès était de 36 ans, soit bien plus jeune que le reste de la population générale, précisent les auteurs. Parmi les personnes souffrant d'autisme, 28% sont décédées de blessure, le plus souvent par suffocation ou noyade. "Alors que des études précédentes montraient déjà un taux de mortalité nettement plus élevé parmi l'ensemble des personnes autistes, cette étude met en évidence le taux élevé des morts accidentelles qui avaient été sous-estimées dans ce groupe de la population", relève le Dr Guohua Li, professeur d'épidémiologie à l'Université Columbia, principal auteur de ces travaux.
Autisme, facteur contribuant
"Malgré cette nette augmentation du nombre annuel de décès parmi les autistes mise en évidence dans ce dernier rapport, la mortalité chez ces personnes pourrait encore être très fortement ignorée dans les statistiques, surtout quand elle résulte d'homicide, de suicide ou d'agression", estime-t-il. "Nos chiffres sont basés seulement sur les certificats de décès. Bien que ces statistiques soient surprenantes, l'autisme comme facteur contribuant à la mortalité est probablement sous-estimé étant donné que les informations sur les causes du décès figurant sur ces certificats sont souvent incomplètes ou inexactes", relève Joseph Guan, chercheur à l'Université Columbia, un des co-auteurs.
Gare à l'eau !
L'autisme est quatre fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles. Ce trouble est également plus commun chez les enfants blancs et chez ceux dont les parents ont des niveaux d'études très élevés. "Notre analyse révèle que les enfants autistes ont 160 fois plus de risques de noyade que le reste de la population pédiatrique", pointe le Dr Li qui souligne l'importance de faire apprendre à nager à ces enfants très tôt. Il explique que ces enfants sont fortement attirés par l'eau, un élément qui les rassure. "Une fois que les enfants sont diagnostiqués du trouble du spectre autistique, généralement entre deux et trois ans, les pédiatres et les parents devraient immédiatement les inscrire dans des cours de natation avant toute autre thérapie, car être capable de nager est impératif à la survie des autistes", insiste le Dr Li.
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