Jean-Luc Fumex a tout juste 18 ans lorsqu'il devient paraplégique à la suite d'un accident de la route. Difficile pour cet amoureux de la montagne de renoncer aux « plaisirs de la grimpe ». Durant trente ans, il met au point son prototype de fauteuil tout terrain (FTT) pour retourner tutoyer les sommets. En 2008, l'association Handisport Annecy entend parler de son projet et lui commande son tout premier modèle. Jean-Luc Fumex décide alors de sortir l'idée de son petit garage et crée sa société de fabrication de FTT. « Depuis, nous avons conçu, fabriqué et vendu pas moins de 800 exemplaires de Quadrix (en photo), un fauteuil tout terrain électrique », explique Loïc Geollot, son responsable commercial.
Des fauteuils entre 10 000 et 15 000 euros
Composé d'un châssis en aluminium et de quatre roues tout-terrain, l'engin peut rouler jusqu'à 25 km/h et gravir jusqu'à 1 400 mètres de dénivelé. Depuis la fin du confinement et des mesures de restrictions de déplacements, la petite entreprise haute-savoyarde est portée par une offre en pleine explosion et un besoin de nature toujours plus grand. « Nous exportons partout en France, en Europe, et jusqu'en Australie et au Canada, indique Loïc Geollot. La démocratisation du vélo électrique nous a aussi bien aidés ». Adapté à tout type de handicap moteur, le Quadrix s'adresse aussi bien à des conducteurs paraplégiques que tétraplégiques, grâce à son joystick au niveau des mains ou du menton. Son prix peut constituer en revanche le principal « frein » à la balade. Il faut compter entre 10 900 et 15 000 euros selon le modèle choisi. Une coquette somme pour du loisir mais qui peut bénéficier d'un coup de pouce de la MDPH ou de la Sécurité sociale pour le modèle avec joystick. « Souvent, les gens bloquent un peu par rapport au tarif mais, une fois qu'ils ont passé le cap de l'achat, leur machine devient leur deuxième fauteuil, leur bouffée d'oxygène », fait savoir Loïc Geollot.
Balade écolo pour tous
Il n'est pas le seul à sillonner les sentiers de randonnée. « E-buggy », fauteuil tout terrain avec chenillette, joëlette ou bécasine (des fauteuils portatifs) ou encore le « Swin car » (articles en lien ci-dessous) se partagent les chemins. Même s'il est généralement destiné à des personnes en situation de handicap, le Swin car n'est plus considéré comme un « fauteuil » mais comme un « véhicule tout terrain électrique », avec une certaine montée en gamme. Plus lourd, plus large et conçu différemment (avec un système pendulaire qui permet de maintenir le confort du passager), il s'adapte à tous types de handicaps et peut se conduire en mono ou biplaces permettant d'emmener un passager. Il faut compter près de 20 000 euros pour s'offrir ce modèle. Des associations comme celle de Thierry Esquembre, président de HR Champsaur, dans les Hautes-Alpes, permettent d'en faire usage sans se ruiner : « Nous fonctionnons comme un club sportif avec des adhésions soit à la balade soit à l'année ». Il faut ainsi débourser 275 euros par an pour un pilote ou passager en situation de handicap ou 50 euros pour une séance d'initiation de deux heures. L'association assure une « balade écolo pour tous, en toute sécurité, dans les alpages, toujours dans le respect de l'environnement montagnard ».
De restrictions de plus en plus courantes
Malgré ces nombreuses précautions, l'association, qui avait six parcours au sein du Parc naturel des Ecrins, autour de la commune d'Ancelle (Hautes-Alpes), n'en a plus qu'un. La raison de cette restriction ? La fin d'une dérogation jusqu'alors accordée par la mairie. « Elle refuse depuis fin juin 2022 de la reconduire au motif que nous sommes des véhicules motorisés. Pourtant, les engins agricoles thermiques, eux, sont autorisés », proteste le président d'HR Champsaur. « Cette interdiction nous semble injuste, d'autant que nous venons d'investir dans 46 000 euros de matériel », poursuit-il. Selon Loïc Geollot, les réglementations de circulation sont en effet de plus en plus courantes. « Ça a été un gros parcours du combattant pour faire admettre que les personnes handicapées ont le droit d'aller en montagne ». Si les restrictions deviennent draconiennes pour les engins motorisés en milieu naturel, il existe encore un seuil de tolérance pour les fauteuils tout terrain qui bénéficient d'une reconnaissance au titre du handicap. « Quand un randonneur en Quadrix circule en montagne et qu'il doit passer par des alpages fermés par une clôture, il est en droit de demander à la mairie, dans la mesure du possible, qu'on vienne lui ouvrir l'accès », explique Loïc. Ce qui n'est pas le cas du Swin qui peut subir des restrictions comme à Ancelle, sauf dérogation accordée par la collectivité.
Des applis pour randos adaptées
Enfin, pour les randonneurs qui souhaitent d'ores et déjà tracer leur itinéraire pour les vacances, il existe quelques outils numériques dédiés. L'application « On piste », imaginée par la marque de ski Rossignol, recense une série de parcours accessibles, avec la liste des obstacles, les équipements adaptés à prévoir. Pour ceux qui souhaitent élargir leur champ d'activité après la rando, le site « Activ'Handi » permet grâce à son moteur de recherche de trouver un sport ou loisir adapté. Quant à la Fédération française handisport (FFH), elle a édité un calendrier des rencontres autour de balades adaptées 2022 (6 dates pour le moment), partout en France (lien ci-dessous).