Privilégier le contact direct, parler de manière naturelle, sans tabou et sans élever la voix plus que de raison, proposer son aide mais ne pas l'imposer... En 20 pages, le guide « Savoir-être, savoir guider », publié par l'Union nationale des aveugles et déficients visuels (Unadev), dévoile les rudiments de la technique de guide universelle. Des illustrations explicites complètent ces écrits pour comprendre, en un coup d'œil, l'attitude à adopter en compagnie d'une personne déficiente visuelle. L'objectif : faciliter la prise de contact et éviter les incompréhensions et les situations embarrassantes. « Vous voyez ? »
Pas de mots tabous
« Stop aux préjugés ! », annonce le guide en préambule. « Lorsque l'on s'adresse à une personne déficiente visuelle, il n'y a pas de mots tabous », précise-t-il. Inutile, donc, de bannir de son vocabulaire les expressions comme « Tu vois ce que je veux dire », « Je vais jeter un œil là-dessus » ou encore « Qu'as-tu regardé à la télévision ? », qu'elle utilise également. Autre conseil pratique qui vaut pour tous les types de handicap : s'adresser directement à la personne non voyante et non à ses accompagnateurs. Pour rappel, « le handicap visuel n'a aucune incidence sur les facultés mentales, elle pourra donc tout à fait vous répondre directement ». « Pensez tout de même à lui toucher légèrement le bras pour attirer son attention ou à l'appeler par son prénom ou son nom si vous la connaissez. De même, en retour, pensez à vous présenter ou vous annoncer quand vous la croisez pour lui éviter de jouer aux devinettes », préconise le guide.
Guider et non tracter
Chaque personne étant différente, tant sur le point de vue de ses capacités visuelles que ses besoins en accompagnement, il est nécessaire de lui demander si elle a besoin d'aide et par quel moyen. Un simple « Bonjour, puis-je vous aider ? » devrait suffire. « Demandez-lui ensuite si elle préfère prendre votre bras, vous suivre en repérant votre silhouette ou en se fiant à votre voix », conseille le livret. C'est alors que le mot « guider » prend toute son importance... « C'est à la personne déficiente visuelle de prendre votre bras et non l'inverse : il ne s'agit pas de la 'tracter' ni de la 'propulser' », poursuit-il. Au-delà du geste technique, un véritable moment de partage et d'échange se crée.
Des indications précises
Certaines personnes demanderont de les prévenir des éventuels obstacles ou dénivelés. Il ne s'agit pas de décrire le lieu dans les moindres détails mais de lui permettre de visualiser les éléments environnants. Les indications précises comme « à votre gauche », « en face de vous » ou « à midi » sont à privilégier, contrairement aux traditionnels « ici », « là-bas ». En cas d'obstacle, le mot « attention » est à éviter car il peut effrayer et ne donne aucune indication. La bonne attitude à adopter : dire plutôt « Stop » et indiquer la raison de cet arrêt. Pour l'aider à s'asseoir, il suffit de l'accompagner jusqu'à son siège et de mettre sa main sur le dossier. En longeant le bras du guide, le non-voyant « descend sa main et se place à hauteur pour s'installer ». Mémo : une fois installé, ne pas partir sans crier gare.
La position adéquate
Quant à la position corporelle à adopter, c'est tout un art ! En général, le guide doit garder son bras le long du corps pour permettre à son binôme de saisir son coude à pleine main. Cette position permet d'adopter la bonne distance entre les deux personnes, « à savoir un pas d'anticipation et une largeur minimisée (les épaules de chacun se retrouvent l'une derrière l'autre, dans la même orientation), afin de bien sentir et suivre les mouvements du guide », explique le manuel. « Pour les personnes âgées ou ayant des problèmes d'équilibre, le guide peut plier son coude, afin de soutenir la personne aveugle, tout en gardant cette distance d'anticipation nécessaire », précise-t-il. Le livret donne aussi les clés pour situer un mobilier avec précision, emprunter des escaliers, prévenir un ralentissement... Il explique également les gestes à adopter en ville en cas de passage étroit ou d'obstacles en hauteur et comment se déplacer, en toute sécurité, lors d'une randonnée dans un passage facile ou difficile d'accès. Des explications pratiques disponibles sur le site de l'Unadev en version classique ou avec des gros caractères (lien ci-dessous).