Une personne déficiente visuelle sur deux a déjà renoncé à partir en vacances. Dès les préparatifs, l'accessibilité numérique est le premier obstacle : plus de 70 % rencontrent des difficultés à réserver en ligne un séjour, un hôtel, des billets de train ou d'avion. La raison est simple : 90 % des sites web ne sont aujourd'hui pas accessibles pour les personnes aveugles et malvoyantes. A l'approche des vacances estivales, une consultation réalisée par OpinionWay pour la Fédération française des associations de chiens guides d'aveugles (FFAC), entre le 25 avril et le 6 mai 2022, révèle le véritable parcours du combattant dans la préparation et le déroulement de leurs séjours.
Quand le handicap limite le choix...
Handicapé = choix limité ? En effet, 70 % des 309 personnes interrogées, déclarent être restreintes dans leur choix de destination. Une fois sur le lieu de vacances, les difficultés en matière de mobilité subsistent pour près de deux tiers d'entre elles. « Les transports ne sont pas toujours adaptés et il est extrêmement complexe de se déplacer dans des lieux qu'ils ne connaissent pas ou chez les commerçants », pointe l'étude. L'accès aux loisirs est également limité. Plus de la moitié des sondés déplore des difficultés pour pratiquer une activité physique (baignade, randonnée, équitation) ou culturelle (musées, visites). Elles se rabattent alors sur des loisirs « plus faciles », notamment lorsqu'il y a la présence d'un chien guide, comme prendre un verre ou aller au restaurant. Mais elles reconnaissent qu'il est encore difficile de se faire de nouveaux amis (33 %) ou d'avoir une relation amoureuse (29 %) lors de ces sorties.
En bref, les vacances estivales cristallisent toutes les difficultés en matière de mobilité et d'accessibilité qui ne sont « toujours pas suffisamment prises en compte par les politiques publiques », pour 84 % des répondants, espérant que cette enquête va leur ouvrir les yeux...
Emploi, santé... d'autres combats
Mais les vacances ne constituent pas le seul angle mort, selon eux. Si la loi « handicap » de 2005 a eu des « effets positifs » pour plus de trois quarts des sondés, qui estiment que « leur vie s'est globalement améliorée », des difficultés majeures subsistent au quotidien. En dehors des vacances, chaque déplacement reste une « expédition » pour 59 % des personnes interrogées. Dans un autre registre, les deux tiers estiment que l'accès aux soins « stagne voire s'est dégradé » en dix-sept ans. De même, un quart considèrent que l'accès aux outils numériques quotidiens est plus compliquée qu'auparavant (article en lien ci-dessous). Autre « point noir » : l'accès à l'emploi, jugé « difficile » pour 61 % des actifs interrogés.
Un manifeste pour plus d'accessibilité
Pour changer la donne, dans le cadre de sa mission de plaidoyer, la FFAC poursuit son combat via une nouvelle campagne de sensibilisation et d'un manifeste en ligne qui a recueilli plus de 27 000 signatures. Principale requête ? Plus de considération pour plus d'autonomie. En juin 2022, la Fédération célèbre son 50e anniversaire ; cinq décennies au cours desquelles elle a milité pour permettre aux personnes déficientes visuelles de se déplacer en toute sécurité grâce à un chien guide. Mais alors que le 6 000e chien guide vient d'être remis « grâce à une incroyable chaîne de solidarité », se félicite-t-elle, la FFAC tient à souligner que le quotidien des personnes déficientes visuelles ne se résume pas qu'aux déplacements... « Continuons de rendre tous les chemins de vie accessibles ! », exhorte-t-elle.