« Nous vous informons par la présente que nous n'avons plus convenance à poursuivre notre relation contractuelle ». La décision de la banque est arrivée par voie postale chez Loïc Croyal, le 16 août 2016. Client de l'agence Caisse d'Épargne Bourg-L'Évêque de Rennes depuis 25 ans, ce retraité de 65 ans se voit radié de la banque pour « atteinte à la pudeur ». Lui et Fabien, son fils autiste de 32 ans, ont deux mois pour trouver une nouvelle agence bancaire.
Atteinte à la pudeur « traumatisante »
« L'atteinte à la pudeur » en question remonte au 9 août 2016, lorsque Loïc et son fils Fabien - qui a l'âge mental d'un enfant de deux ans, selon l'avocat de M. Croyal - se rendent à la banque, comme chaque semaine, pour effectuer des retraits d'argent. Pris d'une envie d'uriner, Fabien s'agite et commence à ouvrir son pantalon mais son père le réprimande immédiatement. Quelques minutes plus tard, le jeune homme se rend dans un bureau et recommence. Pour la banque, c'en est trop. Loïc est informé que ses comptes, ainsi que ceux de son fils, seront fermés dans un délai de deux mois. Bruno Leclerc, secrétaire général de la Caisse d'Épargne pour la Bretagne et les Pays-de-Loire, estime que ce comportement « a traumatisé une collègue ».
Un acte discriminatoire
Loïc Croyal ne l'entend pas de cette oreille et porte plainte contre la Caisse d'Épargne pour « discrimination sur une personne vulnérable dans un endroit public ». « C'est la première fois que Fabien a un comportement déplacé mais il n'a pas fait de gestes obscènes. Et ils savent bien que mon fils est handicapé », confie-t-il au quotidien régional Ouest France. Pour son avocat, Me Jean-Guillaume Le Mintier, interviewé sur i-Télé (en lien ci-dessous), l'acte de discrimination est évident : « On ne peut pas, aujourd'hui, choisir ses clients en fonction de convenances morales ou physiques, d'autant plus que M. Croyal est client de la banque depuis 25 ans et qu'il y vient toutes les semaines avec son fils », avance-t-il.
« Trop vite » ?
Pour vérifier les accusations d'atteinte à la pudeur, Me Jean-Guillaume Le Mintier demande la saisie de la vidéosurveillance. Mais, selon Ouest-France, le responsable de la banque reconnaît finalement « être allé un peu trop vite ». « Nous allons reprendre la négociation pour que cette famille maintienne ses comptes », assure-t-il. "A froid, nous sommes capables d'écouter et prêts à reconsidérer notre position", a déclaré le secrétaire général de la Caisse d'Epargne de la région qui a proposé de recevoir le père de famille le 30 août au matin.
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