Le syndrome du bébé secoué (SBS) a vu son incidence doubler en région parisienne pendant la crise du Covid-19, entre 2020 et 2021, par rapport à la période pré-pandémique (2017-2019). C'est ce qui ressort d'une étude réalisée par des équipes de recherche de l'hôpital Necker-Enfants malades de l'AP-HP et de l'université Paris Cité, associées à une équipe de l'Inserm. Publiée le 30 août 2022 dans la revue médicale Jama Network open, cette enquête révèle également que la mortalité associée a été multipliée par neuf durant cette période. Aussi appelé « traumatisme crânien non accidentel », le SBS est considéré comme la forme la plus grave de maltraitance et de négligence envers les enfants.
1 enfant sur 10 décède des suites du SBS
En France, un bébé sur dix victime de secouements décède, d'après les statistiques du ministère de la Santé qui lançait en janvier 2022 une campagne de sensibilisation sur le sujet. Les autres garderont probablement des séquelles toute leur vie, comme des troubles neurodéveloppementaux (épilepsie, déficiences motrices et visuelles, troubles du langage, déficience intellectuelle et anomalies du comportement). L'étude s'est penchée sur le cas de 99 nourrissons hospitalisés à Necker entre 2020 et 2021. « Les signes de gravité des violences infligées étaient très fréquents », indiquent les chercheurs. 87 % avaient une rupture des veines ponts, 75 % des hémorragies rétiniennes, 32 % des fractures, 26 % un état de mal épileptique, et 13 % sont décédés.
Une explosion des cas en 2021
Si l'incidence de SBS est restée stable en 2020, elle a toutefois doublé en 2021. D'après les scientifiques, cette hausse importante s'explique par l'accumulation de la détresse psychosociale au bout de deux années de mesures restrictives liées au Covid-19. D'autres hypothèses ont été formulées, notamment la réduction des programmes de prévention et de détection précoce durant les différents confinements. L'augmentation des troubles psychiques et les changements de mode de vie (article en lien ci-dessous) ont également été désignés comme facteurs de risque. Les auteurs de l'étude rapportent que des inquiétudes avaient été exprimées très tôt par la communauté scientifique, médicale et sociale concernant un risque d'explosion des cas durant cette période d'isolement. A la lecture de ces résultats, ils alertent aujourd'hui sur la nécessité d'une « prise de conscience clinique et d'actions préventives ».