L'embellie sur le front de l'emploi profite aussi aux personnes handicapées. Le nombre de chômeurs de longue durée bénéficiaires de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés (BOETH) ayant baissé de 15 % en 2022 (contre 21 % dans la population générale). Le 11 mai 2023, Cheops, le réseau national des Cap emploi, structures spécialisées dans l'accompagnement de ces publics, dévoilait son neuvième baromètre peuplé de « chiffres encourageants ».
Plus de retours à l'emploi qu'espéré
En 2022, un peu moins de 199 000 personnes handicapées étaient à la recherche d'un emploi depuis plus d'un an, a précisé lors d'un point presse Marlène Cappelle, déléguée générale de Cheops. L'embellie s'est aussi traduite par une hausse de 11 % du nombre de « retours à l'emploi », c'est-à-dire de personnes en situation de handicap sorties du chômage, contre 0,8 % pour les « valides », soit « une embellie beaucoup plus favorable pour les premières », souligne-t-elle. Alors que Cap emploi visait 182 939 retours à l'emploi, ils ont contribué à en concrétiser 220 011. Concernant la qualité de cet accompagnement, 82,9 % des demandeurs d'emploi bénéficiaires de l'obligation d'emploi (DEBOE) se disent « satisfaits ».
Pour rappel, en trois ans, le taux de chômage des personnes en situation de handicap est passé de 18 % à moins de 14 %, selon les derniers chiffres de l'Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) (Lire : Personnes handicapées: le taux de chômage (encore) en baisse). Il demeure toutefois presque deux fois plus élevé que celui de l'ensemble de la population (7,2 % au quatrième trimestre 2022).
Un lieu unique d'accompagnement
Si la « situation économique plutôt favorable en 2022 » a favorisé les recrutements, ce bon résultat s'explique aussi par une « meilleure articulation sur le terrain des professionnels de Pôle emploi et de Cap emploi », selon Mme Cappelle. Depuis octobre 2021, les deux structures se sont rapprochées afin d'offrir aux demandeurs d'emploi en situation de handicap un « lieu unique d'accompagnement », encadrés par plus de 1 100 conseillers Cap emploi et environ 2 000 conseillers Pôle emploi plus spécifiquement formés au handicap. « C'est la fin d'un fonctionnement en silo !, se félicite Florence Le Pollozec, directrice de programme pour Cheops. Les institutions s'adaptent pour servir les besoins d'accompagnement de la personne, et non l'inverse. Toujours dans un même but : favoriser l'emploi des personnes handicapées. »
Les maintiens en emploi en hausse de 9 %
Selon Mme Le Pollozec, d'autres indicateurs mettent en exergue la « plus-value de cette méthode de travail concertée et coordonnée ». En 2022, 48 997 salariés, agents de la fonction publique et travailleurs indépendants ont été accompagnés par les Cap emploi pour une problématique de maintien dans l'emploi, soit une progression de 6 % en un an. 23 338 maintiens (20 547 dans le secteur privé et 2 764 dans le public) ont été réalisés sur les 24 658 parcours clos, soit un taux de maintien de 95 % et une hausse de 9 %, grâce notamment à une collaboration étroite avec les services de santé au travail « qui nous alertent sur un risque de rupture du contrat de travail », indique Florence Le Pollozec. Quid des 5 % restants ? « Un travail sur le projet avec la personne et l'employeur est engagé afin d'envisager un autre poste dans la même entreprise », répond Cheops.
L'autre mission des Cap emploi est d'accompagner les employeurs. Là aussi, Cheops note une « nette progression » : la part de recrutement des DEBOE pour les offres d'emploi (avec services délivrés aux entreprises) est de 5,4 %, soit une progression de 0,7 point par rapport à 2021.
L'accompagnement s'ouvre aux travailleurs d'ESAT
Pour poursuivre cette « dynamique prometteuse », Cheops a signé une nouvelle convention pluriannuelle d'objectifs 2023-2027 qui vise à renforcer le rôle des Cap emploi sur la prévention de la désinsertion professionnelle et la sécurisation des parcours. « Grande nouveauté », l'ouverture de l'accompagnement aux travailleurs d'ESAT (Entreprises et services d'accompagnement par le travail) depuis le 1er janvier 2023, « qui va dans la logique d'inclusion », souligne Marlène Cappelle. « Nous apprenons à travailler ensemble (ndlr : personnels de Cap et Pôle emploi), cela prend un peu de temps pour se mettre en place mais nous sommes sur la bonne voie, et l'on continuera de s'améliorer, promet Jean-Pierre Benazet, président de Cheops. Mais ça ne fonctionnera bien que si les différents opérateurs s'en emparent. »
Il mise notamment sur France Travail, qui remplacera Pôle emploi dès 2024, pour améliorer la formation, l'insertion professionnelle et la recherche d'emploi des personnes handicapées, en coordonnant mieux les différents acteurs (Lire : France Travail: dans le futur Pôle emploi, quid du handicap?). Son credo ? « Permettre l'accès de tous à l'autonomie et la dignité par le travail. »