Les progrès dans le domaine de l'accessibilité relèvent certes en partie des pouvoirs publics et d'un cadre normatif, mais "c'est aussi à chaque citoyen de prendre conscience du problème : les choses bougeront quand la société civile ouvrira les yeux et s'engagera à nos côtés", a expliqué à l'AFP Pascale Ribes, la présidente d'APF France Handicap.
La Journée mondiale des mobilités
Après l'irruption de la crise sanitaire, l'an dernier, l'association avait déjà lancé une campagne de communication pour expliquer que, pour les personnes handicapées, "Le confinement, c'est tous les jours". Trottoirs trop hauts ou trop étroits, escaliers infranchissables, feux tricolores non sonorisés : l'inaccessibilité est une forme d'"exclusion systémique d'une part de la population", souligne Mme Ribes. "Nous voudrions que ça devienne un enjeu de société, que les gens touchent du doigt ce problème, qu'ils n'accepteraient pas pour eux-mêmes". A l'occasion de la Journée mondiale des mobilités et de l'accessibilité, le 30 avril, l'association organise une semaine entière de mobilisation, de lundi à vendredi prochain, déclinée sur le site www.marchesattaque.org.
En mettant l'accent sur l'accessibilité aux transports, aux lieux de soins, aux commerces ou aux loisirs, l'idée est de dénoncer les manquements -comme cette maison de santé des Yvelines, de construction récente et pourtant inaccessible aux personnes en fauteuil-, mais aussi d'attirer l'attention sur les exemples vertueux. "Aujourd'hui en France, on voit d'abord l'accessibilité comme une norme, gênante et contraignante, alors que c'est un droit, pourvoyeur de bénéfices", souligne la présidente d'APF France Handicap.
Encore trop de dérogations
En janvier 2020, une étude Ifop réalisée pour l'association avait montré que les deux tiers des personnes handicapées éprouvaient des difficultés dans leurs déplacements. Et que les infrastructures inadaptées pouvaient également entraîner des difficultés pour une part importante de la population non handicapée, comme les personnes âgées, les parents utilisateurs de poussettes, les blessés qui utilisent temporairement des béquilles ou les livreurs porteurs de lourdes charges. La loi handicap de 2005 avait prévu que les lieux et transports publics devaient être accessibles aux personnes handicapées avant le 1er janvier 2015. Mais cette échéance a été repoussée : une nouvelle loi adoptée en 2015 a instauré de nouvelles échéances, en 2018, 2021 et 2024, en fonction du type d'établissements ou de services. Ce dispositif, dit d'"agendas d'accessibilité programmée", comporte cependant de trop nombreuses possibilités de dérogation, selon APF.