Que se passerait-il si Harry Potter n'avait pu entrer à Poudlard ? C'est la question que soulève la nouvelle campagne « poil à gratter » de la Fédération française des associations de chiens guides d'aveugles (FFAC) et de l'Association nationale des maîtres de chiens guides (ANM). À l'occasion du vingtième anniversaire de la loi du 11 février 2005, le collectif a déployé un « concept créatif » pour illustrer le refus d'accès de chiens guides ou d'assistance. L'idée ? Reprendre des films iconiques, à travers des moments cultes, et imaginer que le personnage principal vive ce type d'obstacles. L'histoire se serait arrêtée bien trop tôt...
245 refus d'accès par an
Si le ton est résolument ironique, la réalité est d'autant plus navrante. 245 refus de chiens guides ou d'assistance ont ainsi été enregistrés en 2024 par l'ANM' chiens guides. Un constat chiffré mis en images récemment via notre reportage en caméra cachée avec Thibaut de Martimprey, refoulé par plusieurs chauffeurs de taxi parisiens à cause de sa chienne Todd (Vidéo : les galères de Thibaut et son chien guide en taxi). Avec leur campagne intitulée « Refus d'accès », la FFAC et l'ANM' chiens guides réclament « des actes concrets pour la reconnaissance et la valorisation des chiens guides, pour une société plus inclusive ».
1 % des malvoyants bénéficient d'un chien guide
200 000 personnes déficientes visuelles sont éligibles à l'obtention d'un chien guide en France. Seul 1 % en bénéficie. « Ce qui représente très peu de chiens en circulation et expliquerait, par conséquent, la méconnaissance autour de ce sujet », fait savoir Thibaut de Martimprey. Pour rappel, le refus d'accès d'un chien guide et de son maître est actuellement sanctionné comme une infraction de troisième catégorie, « insuffisamment dissuasive », selon les deux associations. Et de poursuivre : « le manque de reconnaissance juridique renforce les discriminations subies par les personnes en situation de handicap visuel ». Or, le chien guide représente « plus qu'un compagnon. C'est une révolution silencieuse pour l'autonomie et l'inclusion ».
Quelles revendications ?
Le collectif demande un « libre-accès effectif et universel des chiens guides ou d'assistance », la reconnaissance du refus d'accès comme « un acte de discrimination, sanctionné en conséquence dans le code pénal ». « Nous appelons le gouvernement et les institutions concernées à prendre les mesures nécessaires pour garantir l'effectivité de cette réglementation, en sensibilisant les acteurs privés et publics », poursuit-il. La FFAC et l'ANM' chiens guides demandent également la revalorisation de la Prestation de compensation (PCH) aide animalière, allouée aux maîtres de chiens guides, « une urgence sociale et économique ». Celle-ci est fixée à 50 euros et « ne reflète plus la réalité des coûts liés à l'entretien d'un chien guide », qui s'élèverait à une fourchette fixée entre 135 et 225 euros par mois.
Un statut propre aux chiens guides
Enfin, Michel Rossetti, président de la FFAC requiert « l'obtention d'un statut propre aux chiens guides ou d'assistance qui permettrait de lier les droits de libre accès à ces chiens plutôt qu'à leurs maîtres ». Il permettrait selon lui de « valoriser leur éducation dans des centres d'éducation labellisés, et le maintien des droits d'accès pour les chiens guides retraités, afin qu'ils puissent continuer à accompagner leur maître dans la vie quotidienne ». La campagne numérique lancée le 11 février 2025 est accompagnée d'un manifeste qui a déjà recueilli plus de 30 000 signatures.
© FFAC/AMN' chiens guides
0
2
