* Collège national des universitaires de psychiatrie
« On pense encore qu'il faut être aussi fou que ses patients pour devenir psychiatre », rit jaune, Olivier Bonnot, Professeur de pédopsychiatrie de l'enfant et de l'adolescent. La psychiatrie reste, depuis plusieurs années, la spécialité mal-aimée des études de médecine. Pour la session 2025, 15 % des postes proposés n'ont pas trouvé preneur. Sur 554 places ouvertes, seules 468 ont été choisies. Une désaffection qui persiste, malgré une première mobilisation nationale lancée en 2024 : #ChoisirPsychiatrie (Psychiatrie : briser les préjugés et susciter des vocations!). Les porteurs de cette campagne n'ont pas dit leur dernier mot puisqu'ils réitèrent cette année.
Des besoins criants
À la tête de ce mouvement et du Collège national des universitaires de psychiatrie (CNUP), Olivier Bonnot plaide pour une action de long terme, patiente, continue. Handicap.fr l'a rencontré pour comprendre l'évolution de la discipline, ce qu'attendent les jeunes médecins et pourquoi il est urgent de s'engager pour l'avenir de la psychiatrie française. Une interview vidéo (ci-contre) à retrouver sur Handicap.live et sur les réseaux sociaux de Handicap.fr.
Inspiré du modèle britannique « Choose Psychiatry »
Pour mettre sur pied cette campagne, le CNUP a d'abord jeté un œil du côté de chez nos voisins britanniques. Outre-Manche, « Choose psychiatry » a mis sept ans pour aboutir à un remplissage total des postes de formation. Sept ans d'efforts, de communication, de soutien politique. En France, on part de loin pour faire bouger les idées reçues : 61 % des Français disent que la psychiatrie « leur fait peur ». Plus d'un sur deux ne saurait pas vers quel professionnel se tourner en cas de trouble mental. 51 % des lycéens pensent que la psychiatrie, c'est avant tout… l'enfermement.
La psychiatrie, associée à la peur ou à la violence
Des clichés qui n'épargnent pas les étudiants en médecine. La discipline est souvent perçue comme peu prestigieuse et associée à la peur ou à la violence, ce qui décourage malgré des besoins croissants en santé mentale depuis la crise du Covid. La méconnaissance du métier, une image hospitalo-centrée et des conditions jugées moins attractives que d'autres spécialités contribuent à ce désamour. Beaucoup privilégient des filières plus lucratives au terme d'études longues, privant le secteur de nouvelles vocations essentielles.
32 villes universitaires engagées
La campagne nationale « Choisir la psychiatrie » mise sur la rencontre avec des praticiens, des témoignages et des événements interactifs comme les Nuits de la psychiatrie, le 30 janvier 2025, précédé d'une soirée un peu plus « festive » le 29, à Paris. L'année dernière, l'évènement avait investi huit villes universitaires, étendu cette année à 32 villes. L'objectif, selon Olivier Bonnot : montrer que la psychiatrie offre une carrière variée, en opportunités de recherche et en défis humains. L'initiative se complète d'actions tout au long de l'année : rencontres sur les campus, formats vidéo, portraits d'internes, immersions dans les services. « Il suffit de convaincre quelques étudiants en plus pour régler beaucoup de problèmes pour notre discipline, mais surtout pour les Français », estime le Pr Bonnot.
© Clotilde Costil



