Dans les coulisses d'un centre expert en psychiatrie

Une psychiatrie personnalisée et de pointe. C'est ce qui qualifie les centres experts en la matière, au nombre d'une cinquantaine sur tout le territoire. Malgré leur efficacité, leur existence est menacée. On a donc voulu en visiter un, à Créteil.

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On en compte 54 en France. Les centres experts en psychiatrie, supervisés par la Fondation Fondamental, dédiée à la recherche et aux soins en matière de santé mentale, sont déployés depuis 2007 dans des hôpitaux psychiatriques. Leur objectif ? Évaluer et accompagner les personnes avec troubles bipolaires, schizophrénie, dépression résistante ou troubles du spectre autistique, sur orientation du psychiatre. L'expertise pluridisciplinaire via un bilan approfondi sur plusieurs jours garantit un diagnostic pointu et un suivi personnalisé.

Changement dans le mode de financement

Malheureusement, ces structures sont menacées de fermeture à cause d'un changement dans leur mode de financement. « Alors que les besoins en psychiatrie sont plus pressants que jamais, il est nécessaire de garantir des financements pérennes pour assurer la continuité de ces dispositifs essentiels », alerte la Fondation Fondamental. Pour comprendre le fonctionnement de ces dispositifs, Handicap.fr a visité l'un de ces centres, basé à l'hôpital Albert-Chenevier (AP-HP) de Créteil (Val-de-Marne). 

Un check-up approfondi

Nous avons notamment suivi en consultation Patricia, qui vit avec un trouble bipolaire. Depuis qu'elle y est suivie, elle a trouvé la bonne molécule qui régule son trouble de l'humeur et évite les épisodes de manie. Au centre expert, Patricia et les autres patients bénéficient d'un check-up approfondi, sur le plan physique et psychique : examens infirmiers, consultation psychiatrique détaillée, tests neuropsychologiques, discussion collégiale et recommandations individualisées. Ce suivi annuel permet d'adapter les prises en charge pour maximiser rétablissement et insertion sociale.

Aider la recherche

Au-delà des soins, ces centres collectent de précieuses données cliniques et paracliniques sous forme anonymisée, « dans le but de participer au progrès de la recherche en santé mentale », assure le Pr Baptiste Pignon. Malgré leur efficacité démontrée – ils diminuent de 50 % des journées de ré-hospitalisation 12 mois après un passage en centre –, le psychiatre à l'hôpital Albert-Chenevier de Créteil déplore le manque de financement qui pourrait contraindre la pérennité du centre, alors même que le gouvernement a déclaré l'année 2025 comme celle de la santé mentale, « Grande cause nationale » (Santé mentale, grande cause 2025: sujet sous-estimé et tabou). « Cette décision a été saluée par la profession. Maintenant, on attend les preuves », affirme le Pr Pignon. 

© Clotilde Costil

Patiente qui marche dans les couloirs d’un hôpital.
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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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