Un Français sur cinq sera concerné par un trouble psychique au cours de sa vie. Pourtant, le premier réflexe en cas de symptômes reste de consulter son médecin généraliste. 41 % de la population ne sait d'ailleurs tout simplement pas vers qui se tourner. C'est ce qui ressort du premier baromètre d'image CSA sur le métier de psychiatre », publié le 23 janvier 2024, à l'occasion du lancement de la campagne « Choisir psychiatrie » par le Collège national des universitaires de psychiatrie (CNUP)*. L'objectif ? Rendre plus attractif un métier qui séduit non seulement peu le grand public et, encore plus problématique, les étudiants en médecine.
Un métier jugé utile mais pas attirant
« Certes, on parle de plus en plus facilement de santé mentale, notamment parmi les jeunes. Mais on a besoin de former davantage de psychiatres et donc d'éclairer un peu plus sur ce métier », explique Mircea Polosan, professeur de psychiatrie au CHU de Grenoble. Bien que la spécialité soit jugée utile par une grande majorité de la population, 87 % du grand public et 100 % des étudiants en médecine, elle est encore entachée par des représentations négatives. Parmi elles, la charge émotionnelle, l'isolement de la pratique, la peur de la violence des patients sont les principales raisons évoquées par ces étudiants pour expliquer ce manque d'attractivité.
Déconstruire les clichés avec humour
Dans la société, les clichés ont également la vie dure. Handicap.fr en a rassemblé six des plus courants, entendus çà et là dans la rue ou sur le web. Par exemple : « les psychiatres sont plus fous que leurs propres patients », « ils sont capables de lire dans les pensées » ou encore « ils se prennent trop au sérieux ». Dans une vidéo de trois minutes, à retrouver sur Handicap.live, Anne Sauvaget, professeur de psychiatrie au CHU de Nantes, tente de les déconstruire un à un, non sans une pointe d'humour qui, contrairement aux idées reçues, unit la plupart des professionnels du secteur.
Un secteur d'avenir ?
« Depuis les années 1970, la psychiatrie a beaucoup évolué avec une orientation plus fréquente vers des prises en charge ambulatoires et des médicaments plus ciblés en évitant la sédation », fait savoir le Pr Sauvaget. Son confrère, Charles-Edouard Notre-Dame, regrette que « les représentations évoluent plus lentement que la réalité des faits ». En effet, selon lui, sa spécialité est « fer de lance sur des évolutions dans l'organisation des soins, la recherche… ». « Elle est pointue, technique et aussi humaine. La société n'a plus le choix que de changer son regard sur la psychiatrie. D'ailleurs, elle sauve des vies », poursuit-il. Une phrase choc qu'a retenue le collectif pour sa campagne.
* avec l'Association française fédérative des étudiants en psychiatrie (AFFEP) et l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF)