Il étouffe sa fille handicapée, 5 ans de prison avec sursis

Le verdict vient de tomber ! La cour d'assises de Melun a condamné vendredi à cinq ans de prison avec sursis Americo Carneiro, reconnu coupable du meurtre de sa fille de 6 ans dont le lourd handicap lui était devenu insupportable.

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21 mars 2014. Cinq ans de prison avec sursis avaient été requis devant la cour d'assises de Melun contre Americo Carneiro, jugé pour avoir étouffé sa fille Johana, six ans, dont le lourd handicap lui était devenu insupportable. La cour a suivi le réquisitoire de l'avocate générale, assortissant cette peine d'une mise à l'épreuve de trois ans et d'une obligation de soin.

Pas un acte d'amour pour autant

"M. Carneiro aimait sa fille, c'est certain. Mais son geste n'est pas un acte d'amour", a souligné l'avocate générale Morgane Baudin, invitant néanmoins la cour à prendre en compte "les circonstances douloureuses" de ce drame et la "personnalité" de l'accusé. « C'est un homme inséré dans la société, qui assume ce qu'il a fait et le regrette. L'intérêt de la société aujourd'hui n'est pas qu'il soit incarcéré", a ajouté la représentante du parquet, demandant à la cour de prononcer une peine "équilibrée".
Americo Carneiro, maçon de 44 ans, était jugé pour avoir étouffé sa fille unique en plaçant sa main sur sa bouche pendant son sommeil, le 3 janvier 2011 au domicile familial de Boulancourt (Seine-et-Marne). Il prévoyait ensuite de tuer son épouse puis de se donner la mort. Un virement de 10.000 euros avait été effectué peu de temps auparavant sur le compte de sa mère, destiné à payer les obsèques de la famille. "Americo Carneiro était dépressif", a reconnu l'avocate générale, réclamant de ce fait une obligation de soins. "Il a besoin d'un véritable parcours thérapeutique", a-t-elle expliqué.

Condamné à la souffrance perpétuelle

Décrit comme un père aimant et attentionné par l'ensemble des témoins, il se trouvait "au plus bas", "perdu", lorsqu'il a tué sa fille. D'après un expert psychiatre, son discernement était "en partie altéré". Déjà traumatisé, durant l'enfance, par la mort accidentelle de son frère et par un AVC qui avait rendu son père hémiplégique, le quadragénaire s'était réfugié depuis plusieurs années dans l'alcool et ne prenait plus ses antidépresseurs. Pour l'avocate générale, ces circonstances particulières n'enlèvent toutefois rien à la gravité des faits reprochés. "Le handicap de Johana ne justifiait pas un tel geste. Ce n'est pas parce qu'on est handicapé qu'on n'a pas le droit de vivre", a-t-elle insisté.

Un fardeau trop lourd

Née prématurée, Johana était tétraplégique, épileptique et souffrait d'un fort retard mental. Portant des couches, ne pouvant pas rester assise, elle devait être assistée dans tous ses gestes quotidiens. A l'époque du drame, son père devait la prendre en charge quasiment seul, son épouse étant maniaco-dépressive et régulièrement hospitalisée. "Elle suivait un traitement. Elle passait sa journée sur le canapé", a-t-il raconté. Tout au long du procès, M. Carneiro a expliqué avoir agi pour "soulager" sa
fille, pourtant décrite par tous comme "souriante" et "gaie", "en progrès" au sein de la fondation où elle passait ses journées. "Cet homme est d'une sincérité totale, ce n'est pas un dissimulateur. Il était convaincu que son enfant était en grande souffrance, et n'avait pas d'avenir", a appuyé son avocat, Me Hubert Delarue. "Le fardeau était devenu trop lourd à porter."

Risque de perpétuité

M. Carneiro encourait théoriquement la réclusion à perpétuité, mais les tribunaux prononcent généralement des peines clémentes dans ce type de dossier. "Face à de tels drames, la justice est parfois désarmée", a rappelé l'avocat. Invité à prendre une dernière fois la parole, l'accusé a un temps cherché ses mots, avant de fondre en larmes. "J'aimais ma fille par dessus tout", a-t-il confié entre deux sanglots. "Elle me manque beaucoup." Americo Carneiro "se trouve condamné à la souffrance perpétuelle de l'absence. Il est entré dans un très long hiver", a glissé Me Delarue. 

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