Dans la prise en charge des patients souffrant de troubles mentaux, la coordination entre les médecins généralistes et les autres acteurs de soins (psychiatres, psychologues, infirmiers, etc.) est-elle suffisamment développée ? Non, répond la Haute autorité de santé (HAS). Alors, pour promouvoir une évolution des pratiques, elle a rédigé un guide proposant différents outils (en lien ci-dessous). Il est publié le 9 octobre 2018, la veille de la Journée mondiale dédiée à la santé mentale.
Généralistes en 1ère ligne
La HAS part du principe que le médecin généraliste est un acteur majeur de la prise en charge des troubles mentaux. C'est lui qui, en première ligne, participe à leur détection et accompagne les patients dans le cadre d'une prise en charge globale. Or, en France, on constate une coordination insuffisante entre ce généraliste et les professionnels spécialisés en psychiatrie et santé mentale notamment. Selon la HAS, « cette situation peut aboutir à des ruptures de soins, susceptibles d'avoir des conséquences importantes pour le patient, tant sur le plan de sa santé mentale que physique ». Elle propose donc dans ce guide de faire un état des lieux des expériences menées en France et à l'étranger. Pas de solution unique mais des exemples à suivre… « Il a vocation à motiver les professionnels de santé en mettant à leur disposition des informations sur les initiatives de leurs confrères dont ils peuvent s'inspirer de façon pratique », explique la Haute autorité dans un communiqué.
Trois objectifs prioritaires
Trois objectifs sont définis : identifier les ressources disponibles (professionnels, établissements, dispositifs), échanger les informations utiles avec les autres acteurs de la prise en charge et être en capacité d'accéder à des conseils de confrères, d'adresser un patient à un professionnel spécialisé en psychiatrie et santé mentale ou à un médecin généraliste et d'assurer un suivi conjoint. « II est primordial que le médecin généraliste puisse joindre et échanger facilement avec un psychiatre et inversement. Cela peut, par exemple, être garanti par une ligne téléphonique dédiée au médecin généraliste, lui permettant d'obtenir des conseils pour une prise en charge ou une orientation vers les soins spécialisés », suggère la HAS. De nombreux outils complémentaires sont également présentés dans ce guide.
Des projets en cours
La HAS rappelle que si la motivation des professionnels est nécessaire pour que la coordination fonctionne, l'importance d'une réflexion et d'une impulsion à différents échelons territoriaux (territoire de proximité, secteur de psychiatrie, département, région, etc.) et l'appui des ARS (agences régionales de santé) sont primordiaux. Les projets territoriaux de santé mentale (PTSM) qui, dans le cadre du projet « Ma Santé 2022 », doivent être mis de mise en œuvre d'ici juillet 2020, devraient faciliter le développement de cette coordination. La HAS est arrivée au terme de son premier programme pluriannuel « psychiatrie et santé mentale », engagé en 2013. Un nouveau programme est défini pour la période 2018-2023 autour de trois thèmes : « droits et sécurité en psychiatrie », « troubles mentaux sévères et persistants et handicap psychique » et « pédopsychiatrie ».
Une journée dédiée à l'urgence
Rappelons que les troubles psychiques toucheront une personne sur quatre au cours de la vie. A l'occasion de la journée mondiale, de nombreuses actions sont menées pour sensibiliser et informer le grand public. Par exemple, la Fondation FondaMental, à travers sa campagne Schizophrénie, bonheur & Cie, tente ouvrir le débat et d'informer (article en lien ci-dessous). De son côté, Clubhouse France, pionnière dans l'accompagnement des personnes atteintes de ce type de troubles, diffuse sur les réseaux sociaux un film de sensibilisation à la souffrance psychique, L'impasse, mettant en scène un père sauvant son fils du suicide (article en lien ci-dessous). Toutes deux tentent d'alerter l'opinion publique sur ce fléau, rappelant que la maladie mentale tue. Chaque année, en France, 8 000 personnes affectées se donnent la mort.