Chaque année, en France, « 147 milliards d'euros partiraient en fumée en raison du bruit », annonce la dernière étude réalisée par l'Agence de la transition écologique (ADEME). Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2018, le bruit représente le second facteur environnemental, après l'air, provoquant le plus de dommages sanitaires en Europe. Dans la même veine, les deux baromètres santé réalisés par l'association JNA (Journées nationales de l'audition), en 2011 et 2016, sur les nuisances sonores et leurs impacts santé, indiquaient qu'un Français sur trois déclarait être gêné par le bruit pendant la journée, 32 % la nuit et 41 % chez les 18-24 ans. Neuf Français sur dix témoignaient être exposés à un bruit excessif, impactant leur qualité de vie, leur bien-être, leur santé (avec un coût réel pour l'Assurance maladie), leur rentabilité, voire leur espérance de vie… Ainsi, 3,9 millions souffrent de troubles du sommeil, 1,1 million de difficultés d'apprentissage et 730 000 de troubles anxiodépressifs.
Un impact dans le travail
Dans la sphère professionnelle, le coût social lié au bruit est estimé à 21 milliards d'euros, la perte de productivité équivalant à 270 000 temps plein par an. Dans le dernier baromètre « Bruit et santé auditive au travail » d'octobre 2021 (Ifop/JNA), trois actifs sur dix indiquent avoir sollicité un arrêt de travail en raison de la gêne occasionnée par le bruit et les nuisances sonores et plus spécifiquement 43 % des 25-34 ans et 38 % des ouvriers. Les catégories populaires notamment les moins ou pas diplômées, traditionnellement éloignées du « care » et de la santé, sont les plus impactées. Ces études viennent questionner les fondamentaux de la loi de santé repris dans la loi de santé au travail : « tout mettre en œuvre pour éviter toute souffrance physique et mentale ». « Les mécanismes de l'audition sont un maillon de l'écologie santé de l'être humain, à la source des effets auditifs et extra-auditifs du bruit », rappelle JNA.
Mobiliser les politiques
A quelques mois des Présidentielles, l'association en appelle aux politiques « afin de garantir un environnement décent au sens qu'il garantit les besoins fondamentaux de l'humain pour sa vie et sa survie ». En 2016, pour 90 % des sondés (baromètre JNA), le bruit était un enjeu de société que les pouvoirs publics doivent investir. JNA compte donc interpeller les candidats sur cette « urgence » à l'occasion de la 25e Journée nationale de l'audition le 10 mars 2022, qui aura pour thème « Pollutions sonores : l'affaire de tous, la santé de chacun ».