Ne faites plus la sourde oreille face aux dangers des kits mains-libres et autres oreillettes ! Le 11 mars 2021, à l'occasion de la 24e édition de la Journée nationale de l'audition, l'association JNA initie la première « Journée sans écouteur ». « Si la principale cause d'apparition des surdités et des acouphènes demeure l'avancée en âge, les causes liées à nos comportements sociétaux progressent rapidement », s'inquiète-t-elle. Contrairement aux croyances collectives, les écouteurs ne sont pas l'apanage des jeunes. Parce que toutes les générations sont concernées, JNA alerte sur ces comportements sociétaux et leurs risques pour l'audition.
Des écouteurs omniprésents...
Selon l'enquête Ifop-JNA « Quel avenir pour l'oreille des Français ? » publiée en mars 2020, 88 % des jeunes de 15 à 17 ans utilisent des écouteurs et huit utilisateurs sur dix sont âgés de moins de 35 ans. Mais cela concerne également 53 % des 35-49 ans et 36 % des 50-64 ans. Près d'une personne sur cinq utilise ce matériel plus de deux heures par jour et 38 % d'une à deux heures. Si les trois quarts des sondés écoutent à volume modéré, 25 % ont pour habitude de pousser les décibels. Certains les gardent même lors du coucher et sur leur lieu de travail. Une tendance qui s'accentue en période pandémique, où le distanciel est privilégié...
... et la pandémie n'arrange rien
La dernière enquête réalisée en octobre 2020 « Comprendre la parole au travail, un défi ? » révèle, en effet, que plus de trois actifs sur cinq en télétravail ont utilisé un casque ou des écouteurs, et 20 % plus de deux heures par jour. La prochaine enquête réalisée à l'occasion de la campagne du 11 mars 2021 se penchera plus précisément sur cette question. « Là où la question de la santé auditive pouvait encore s'aborder après 60 ans, il devient urgent de considérer l'audition comme un biomarqueur à suivre systématiquement dans le suivi de santé des Français de tous les âges », exhorte l'association qui réclame « une approche déterministe des pouvoirs publics ». En attendant, elle livre ses conseils pour protéger ses écoutilles...
3 questions à l'association JNA
Question : Les oreilles peuvent-elles supporter ces modes de consommation de son ?
JNA : Les mécanismes de l'oreille n'ont pas évolué depuis la création de l'Humanité. Ils n'ont pas muté pour s'adapter ou se protéger naturellement aux puissances des émissions sonores créées par l'Homme. Les oreilles ne sont pas dotées de clapets ou de membranes de fermeture, contrairement aux yeux. Nos oreilles sont des radars d'alerte qui fonctionnent en permanence, là où les yeux se ferment. Aussi les mécanismes de l'oreille sont fragiles et fragilisés par l'omniprésence de la sollicitation. A la moindre gêne de compréhension de la parole, le cerveau est mis en difficulté pour décoder facilement les informations qui lui parviennent. L'effet domino de l'audition s'enclenche : pertes de concentration, fatigue, stress, nervosité... Et même si la musique est agréable et moins stressante qu'un bruit subi, c'est une quantité d'énergie qui sollicite les cellules de l'oreille, venant s'ajouter à l'ensemble des sollicitations qui engendrent le stress acoustique. L'oreille a besoin de temps pour récupérer, pour respirer.
Q : Faut-il arrêter d'utiliser des écouteurs ?
JNA : Ce n'est pas le son qui est à rejeter, ni l'utilisation des écouteurs à bannir, mais ce sont surtout nos modes de consommation du son qui sont nocifs pour l'oreille. Les facteurs de risques sont désormais omniprésents : intensité et durée et bien souvent puissance et durée en même temps. Ces pratiques questionnent à chaque instant la capacité de l'oreille à survivre à cette pression acoustique . L'augmentation des déclarations de gênes et de troubles de l'audition tels que les acouphènes (sifflements et bourdonnements dans les oreilles) ne peut qu'inquiéter. Les écouteurs greffés à longueur de temps sollicitent les cellules de l'oreille et créent un stress acoustique parfois sans discontinuité. Or il est possible de « consommer » autrement et de manière plus « safe ».
Q : Comment ?
JNA : Quelques bonnes pratiques :
- Varier le mode d'écoute du son : écouteur ou casque, enceintes nomades, directement en sortie de l'ordinateur en mode écoute naturelle à distance ;
- Modérer le volume et la durée de l'écoute ;
- Offrir des temps de récupération à l'oreille : après une visio-conférence, en cours de journée, laisser simplement les oreilles respirer à l'air libre et dans une ambiance sonore naturelle, calme et profiter du temps de sommeil pour offrir une grande plage de récupération ;
- Réduire ensemble le brouhaha collectif issu de nos comportements : nous sommes tous producteurs de bruit. Cela peut éviter de provoquer l'utilisation des écouteurs pour fuir le bruit environnant subi.