Jusqu'à 70 % des femmes sont victimes de violence au cours de leur vie. Selon les données de la Banque mondiale, le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis. Plus encore lorsqu'elles sont handicapées puisque, selon un rapport de l'ONU, 4 sur 5 d'entre elles subissent des violences, rendues certainement plus vulnérables par leur situation de handicap ! C'est d'ailleurs pour cette raison qu'une association française, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA), inaugure, le 6 mars 2015, une plateforme d'écoute (numéro 01 40 47 06 06) destinée à leur venir en aide (lien ci-dessous).
Séquelles : troubles psychiques et physiques
A l'occasion de la Journée internationale de la femme, qui a lieu chaque année le 8 mars, c'est aussi un autre constat qui émerge : quel est l'impact de la violence faite aux femmes en termes de santé, à la fois physique et psychique ? Rappelons qu'une femme est tuée tous les 2 jours ½ en France. Mais combien souffrent de lésions traumatiques qui les laissent handicapées, parfois à vie ? 45 % de la violence contre les femmes se solde par des blessures physiques : fractures, commotions cérébrales, perforation du tympan, douleurs chroniques des articulations et des muscles… Une liste sans fin ! Mais celle des troubles psychiques est tout aussi alarmante : anxiété, crises de panique, évitements phobiques, colères explosives, dépression mais aussi troubles de la mémoire, de la concentration et de l'attention… Des séquelles en tous points semblables à un état de stress post-traumatique ! Or ces blessures psychiques sont le plus souvent méconnues et non diagnostiquées, les victimes restant seules, abandonnées sans soins avec des troubles qui se chronicisent, sans jamais être « réparés ».
29 milliards d'euros par an en France
Au-delà de l'impact humain, pourquoi ne pas prolonger cette analyse d'un point de vue purement financier ? En d'autres termes, quel est le coût de cette violence à la fois pour les institutions publiques, les individus et la société ? L'Europe a mené l'enquête. Une « Etude sur l'estimation du coût de la violence faite aux femmes dans l'Union européenne », publiée par l'Institut européen pour l'égalité des sexes (EIGE), extrapole les résultats d'une étude réalisée au Royaume-Uni. Verdict : plus de 29 milliards d'euros par an en France ! Une estimation qui atteint les mêmes niveaux dans toute l'Europe. « Les résultats appellent à des actions urgentes et coordonnées pour aider les femmes et les hommes sur la voie d'une société libérée de la violence faite aux femmes », a déclaré Virginija Langbakk, directrice d'EIGE.
Un impact nocif pour tous
Les coûts directs supportés par les victimes incluent les frais médicaux, la protection juridique et les programmes de support aux victimes. Les coûts indirects sont liés aux effets négatifs pour l'économie et la société et aux « pertes » générées pour venir en aide à la victime, notamment par le biais de prestations sociales. « Nous faisons face à des effets très nocifs pour la société et l'économie, indique Virginija Langbakk. Les victimes souffrent de séquelles physiques et psychologiques sur le long terme qui affectent leur vie quotidienne et réduisent leurs chances dans la vie économique. » C'est donc la société toute entière qui « met la main au porte-monnaie » chaque fois qu'un homme met la sienne dans le visage d'une femme…
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