Pour beaucoup, c'est le message d'un père indigné, sur les réseaux sociaux, en juin 2015, qui a mis en lumière l'existence du CMV cytomégalovirus.
« Il y a 5 ans, jour pour jour, Aubin, mon fils, mourait dans mes bras. Enfin, dans nos bras, à ma compagne et à moi. Il était âgé de 5 semaines et avait contracté durant la grossesse un virus, le CMV, qui est très répandu (très, très... plus que l'ensemble de tous ceux contre lesquels on prévient les femmes enceintes) et dont nous n'avions jamais entendu parler. » C'est par ces mots appuyés que débute la tribune de Yann Champion. Cette longue lettre, publiée sur son compte Facebook, a été partagée plus de 200 000 fois. Le temps n'a comblé ni sa colère ni sa rage face au CMV, le nom abrégé du cytomégalovirus. Mais s'il a décidé de prendre la prendre la plume, c'est dans le « seul but de faire connaître le CMV, première cause virale de handicaps chez les nouveau-nés, et d'en encourager la prévention ». Nécessaire effort car d'après une étude menée par l'association « Stop CMV », seulement 14% des femmes connaissent le virus (en comparaison, le taux passe à 98% pour le SIDA).
Surdité, cécité, handicap moteur, troubles intellectuels...
« Le CMV se transmet par l'intermédiaire des sécrétions humaines : salive, urine, larme et morve », indique le docteur Yves Ville du service obstétrique de l'hôpital Necker à Paris.
Etre infecté du cytomégalovirus, très présent chez les enfants en crèche, est le plus souvent bénin pour un individu lamba mais bien moins chez la femme enceinte puisque la contamination peut atteindre le fœtus. Si la future maman est porteuse du virus, ce qui arrive dans 1% des cas, le taux d'infection du fœtus est de 40%, et 15% des bébés vivront avec des symptômes du CMV. Cela peut aller du trouble de l'audition au décès, en passant par le handicap très lourd (paralysie, cécité…).
Selon l'association « Chanter, marcher, vivre », 1 enfant sur 750 nait avec des séquelles du CMV ou en développera en grandissant. Pour faire diminuer ce chiffre, le docteur Ville insiste, lui aussi, sur l'importance de la prévention – « il y en a très peu » - et du dépistage à effectuer « le plus tôt possible ». Enfin, lorsqu'il est effectué…
Le traitement fonctionne 8 fois sur 10
En effet, les examens liés au CMV seraient « deux fois moins fréquents que ceux réalisés pour la trisomie 21. Si on savait que la femme enceinte était atteinte du virus on pourrait la traiter ».
Le traitement proposé, un antiviral, et mis en place durant la grossesse soigne huit fois sur dix. S'il est inefficace, « une femme enceinte peut demander une interruption de grossesse pour anomalie fœtale grave et ce, quel que soit son terme. La médecine a les moyens d'évaluer très précisément la gravité de l'infection du fœtus ».
Mais pour éviter de se retrouver dans cette situation, la meilleure solution est encore de connaître les bases préventives afin de ne pas être infecté : ne pas embrasser les nourrissons sur la bouche, proscrire tout contact avec les sécrétions, ne pas partager les couverts des enfants, se laver régulièrement les mains… Faute de campagne de prévention efficace (ou existante ?), le bouche-à-oreille permettrait ainsi une meilleure connaissance du virus du côté des femmes enceintes, mais aussi… des professionnels de santé. Selon le docteur Ville, l'ignorance existe encore chez plusieurs membres du corps médical.