La chambre des députés britanniques a autorisé, le 3 février 2015, la conception de bébés à partir de l'ADN de trois parents, une technique destinée à empêcher la transmission de maladies de la mère à l'enfant. Mais la technique, encore au stade expérimental, a suscité de vifs débats entre ceux qui estiment qu'elle permettra de donner naissance à des enfants en meilleure santé et ceux qui redoutent des manipulations du génome dans le but d'avoir des bébés sur mesure.
Voici les grandes dates de la recherche embryonnaire menée ces dernières années à la fois pour lutter contre l'infertilité et combattre les maladies héréditaires.
- 1978 : naissance en Angleterre de Louise Brown, premier enfant conçu par fécondation in vitro (FIV). La FIV consiste à fertiliser un ovule avec du sperme dans une éprouvette en laboratoire et implanter ensuite l'embryon ainsi conçu dans l'utérus.
- 1982 : naissance d'Amandine, premier bébé-éprouvette français conçu par les professeurs Jacques Testard et René Frydman.
- 1989 : premier diagnostic génétique pré-préimplantatoire (DPI) pour repérer les embryons porteurs de la mucoviscidose, une des maladies génétiques les plus fréquentes dans les pays occidentaux. Réalisé après la fertilisation, le DPI permet de ne réimplanter que les embryons sains.
- Années 90: d'autres maladies génétiques comme la myopathie de Duchenne, la drépanocytose, l'anémie de Fanconi, la chorée de Huntington viennent s'ajouter à la liste des maladies détectées par DPI. Cette technique est aujourd'hui autorisée pour repérer quelques dizaines de maladies en France, voire plusieurs centaines dans des pays comme la Grande-Bretagne, l'Espagne ou les Etats-Unis.
- 2000 : naissance du premier "bébé-médicament" (ou "bébé du double espoir") aux Etats-Unis. Il s'appelle Adam et sauve la vie de sa grande sœur de 6 ans, souffrant d'une anémie de Fanconi. Le "bébé-médicament" est un enfant conçu grâce à une fécondation in vitro et un DPI destiné à retenir un embryon sain et génétiquement compatible avec son frère ou sa soeur. Le sang du cordon ombilical du nouveau-né est ensuite utilisé pour guérir l'aîné malade.
- 2010 : des chercheurs britanniques indiquent dans la revue scientifique Nature avoir mis au point une méthode permettant de créer un embryon avec de l'ADN mitochondrial fourni par une donneuse afin d'éviter la transmission de maladies mitochondriales rares mais graves de la mère à l'enfant. Le reste de l'ADN (soit 99%) provient de la mère et du père biologiques. Les mitochondries sont de minuscules composants présents dans les cellules qui assurent la production d'énergie. Elles possèdent leur propre ADN, toujours hérité de la mère.
- 2013 : naissance à Philadelphie (USA) de Connor, le premier bébé aux gènes "parfaits". Conçu par fécondation in vitro, il a bénéficié d'une technique de séquençage complet de son génome qui a permis aux parent de choisir l'embryon présentant le moins de risques d'anomalies génétiques