« Les libertés et les droits fondamentaux doivent enfin être respectés ! » C'est la préoccupation principale des personnes handicapées. Depuis l'ouverture du Grand débat national, elles se sont exprimées pour mettre en lumière les problématiques qu'elles rencontrent (article en lien ci-dessous). A cet effet, l'association APF France handicap a créé une plateforme participative en ligne (en lien ci-dessous), qui proposait cinq thèmes dédiés au handicap : le respect et la liberté des droits fondamentaux, l'accès à la cité, l'accès à l'emploi et à l'éducation, la reconnaissance d'une protection sociale réelle et la garantie d'une vie sociale et familiale épanouie. Un mois-et-demi plus tard, c'est l'heure du bilan. Trois autres priorités sont dans leur ligne de mire…
Justice à deux vitesses
Les personnes handicapées sont unanimes : à l'heure actuelle, « les droits fondamentaux sont bafoués ». La majorité des participants souhaitent que les conventions et les traités internationaux relatifs aux droits humains soient « enfin appliqués ». « Il est plus que temps que l'égalité des droits et des chances, la non-discrimination, la pleine citoyenneté et la possibilité pour chacun de choisir et de maîtriser son existence soient pleinement reconnus par nos gouvernements », déclarent-ils. APF France handicap réclame notamment au gouvernement une justice accessible à tous.
Ressources insuffisantes
Avec deux millions de personnes en situation de handicap vivant sous le seuil de pauvreté, la priorité numéro 2 concerne les ressources. Selon elles, malgré une augmentation de l'allocation aux adultes handicapés (AAH), les mesures restent « insuffisantes ». « Certains bénéficiaires ne seront d'ailleurs pas concernés par cette revalorisation, notamment ceux qui vivent en couple », déplorent-elles. Elles demandent donc l'annulation de la prise en compte des ressources du conjoint dans la base de calcul de l'AAH et la création d'un « revenu minimum d'existence ».
Protection sociale inégale
Autre prérogative : l'arrêt d'une protection sociale « en pointillés ». Les internautes pointent un accès aux soins « compliqué » et une prestation de compensation du handicap (PCH) insuffisante, qui génère des restes-à-charge « indécents ». « Les personnes handicapées sont frappées de plein fouet par les inégalités sociales et territoriales dans le domaine de la santé, constate APF France handicap. Aussi, est-il nécessaire de faire respecter l'obligation d'accessibilité des locaux et de rendre impérative l'adaptation des équipements de soins et d'examens. » Pour ce faire, l'association formule cinq recommandations : l'élargissement du financement de la Sécurité sociale, l'installation de maisons de santé multidisciplinaires pour lutter contre les déserts médicaux, la formation du personnel médical et paramédical, le développement d'une offre de service d'accompagnement de proximité et la création du « risque autonomie ».
Logements peu accessibles
Enfin, les personnes handicapées s'insurgent contre l'adoption de la loi ELAN et notamment son article 64 qui prévoit de passer de 100 % de logements neufs accessibles à seulement 20 %. « Le principe d'accessibilité n'est pas respecté », estime APF France handicap. Face à ce constat, l'association demande de rendre effectif le droit au logement, de renforcer les obligations et les sanctions administratives et de créer un fond public « Objectif accessibilité ».
L'ensemble des contributions recueillies sur la plateforme sera adressé à la Mission Grand débat dans les prochains jours… En attendant, l'association demande au gouvernement de prendre en compte les recommandations de la rapporteure de l'ONU, Catalina Devandas-Aguilar, dans le rapport qu'elle vient de rendre public (article en lien ci-dessous).