Les chiffres sont alarmants : environ 90% des personnes handicapées ont des problèmes de gencive (35% pour la population générale) et le risque d'attraper une carie pour un enfant handicapé est multiplié par quatre. « Lorsqu'une personne présente une déficience, le soin dentaire est un peu oublié », justifie Benoît Perrin, secrétaire général de l'UFSBD (Union française pour la santé bucco-dentaire). Pourtant, un malaise dentaire peut aggraver d'autres pathologies : troubles cardiaques, pulmonaires, comportementaux liés à une douleur non communiquée, dégradation de l'image et de l'estime de soi… Une problématique que la profession dentaire a décidé de prendre en mains. En décembre 2014, l'association regroupant le plus grand réseau de chirurgiens-dentistes français avait signé la charte Romain Jacob qui favorise l'accès aux soins des personnes handicapées (article en lien ci-dessous).
Sur le principe de la charte Romain Jacob
Le 26 août 2015, l'UFSBD a « démontré sa volonté d'aller plus loin pour donner du concret » en signant une charte de mobilisation de la profession dentaire pour la santé bucco-dentaire des personnes en situation de handicap. Y sont inscrits plusieurs grands « piliers » abondant dans ce sens.
L'accent est notamment mis sur la prévention auprès de l'entourage de la personne handicapée. « Dans le cas où elle présente une perte d'autonomie, sensibiliser l'entourage est primordial, explique Dr Perrin. Celui-ci n'a pas forcément connaissance de l'importance des maux que cela peut représenter. Il faut que ce référent, familial ou professionnel, soit informé. » En effet, « le soin est l'incidence d'un cycle d'échec. Il faut que les bons gestes soient effectués en amont et dès le plus jeune âge pour éviter ce soin ». Parmi ces préconisations, initier un bon brossage très tôt et de manière constante et s'alimenter convenablement, c'est-à-dire en évitant le grignotage ou encore en consommant des produits acides (agrumes, jus de fruits…) – « l'ennemi des dents » – avec parcimonie. Aussi, il est recommandé de prendre rendez-vous chez le dentiste tous les six mois.
Sensibiliser la profession dentaire
Mais la sensibilisation doit aussi se faire auprès des chirurgiens-dentistes dont « beaucoup ont une méconnaissance du handicap ». Dans ce but, Dr Perrin souligne le rôle des universités en matière de formation initiale et compte sur la mise en place de journées de formation continue pour les praticiens. Surtout, cette prévention doit s'effectuer via « la rencontre humaine afin de connaître le contexte et d'évaluer l'approche ».
En termes d'accessibilité, l'UFSBD se montre satisfait des efforts réalisés depuis de nombreuses années pour adapter les cabinets aux fauteuils roulants mais prône une meilleure accessibilité humaine, notamment pour l'accueil des patients avec un handicap mental. « Il s'agit d'identifier les bonnes personnes pour que, dans chaque département, un confrère puisse orienter la personne handicapée vers la prise en charge la plus adaptée. » Serait-on bien loin de la fronde menée par un syndicat de médecins généralistes qui lance début septembre 2015 une campagne appelant à boycotter la politique d'accessibilité menée par le Gouvernement (article en lien ci-dessous) ? Plutôt que les dentistes, ce sont donc les médecins qui grincent des dents…