La société Incisiv permet, grâce à ses 18 salariés, son matériel miniaturisé et ses camionnettes, aux dentistes volontaires d'aller au chevet de personnes dépendantes, chez elles ou dans leur établissement d'accueil. Le service, qui a permis à « plus de 8 000 personnes » de se faire soigner depuis la création du réseau il y a quatre ans, se voit aujourd'hui interrompu, affirme sa créatrice, le médecin anesthésiste Agnès Gepner, attendue à une conférence de presse le 19 juillet 2017.
Absence d'autorisation
« L'Ordre national des chirurgiens-dentistes (ONCD) s'oppose à cette innovation et menace les praticiens qui travaillent au service des personnes dépendantes de sanctions ordinales, voire de radiation », selon la pétition lancée par Incisiv sur internet. Une affirmation catégoriquement démentie par l'Ordre, dans un communiqué publié le 17 juillet. Selon Mme Gepner, « trois » des huit professionnels collaborant régulièrement avec la société ont été convoqués par leur ordre départemental et ont été l'objet d'« intimidations ». Une centaine d'autres interviennent ponctuellement en fonction de déplacements du réseau dans les Ehpad (établissement pour personnes âgées dépendantes) « proches de leur cabinet ». Au cœur du problème, « l'absence d'autorisation » faite aux dentistes d'exercer en dehors de leur cabinet, explique-t-elle, inquiète pour l'accessibilité aux soins des patients âgés ou dépendants.
Vers un dépôt de bilan
Contacté par l'AFP, le président de l'Ordre, Gilbert Bouteille, a dit « tomber des nues face à l'acharnement » d'Incisiv, avec qui « il n'y a aucun problème ». L'Ordre « ne peut pas intervenir » face à « une société commerciale » en vertu du « droit de la concurrence », a-t-il souligné, rappelant le soutien de l'Ordre aux « initiatives » de praticiens favorisant « l'offre de soins à destination des personnes dépendantes ». « Toutefois, il est absolument impératif que soit faite la distinction entre une activité commerciale de location temporaire de matériel et la fourniture de soins dentaires (...) dans le respect des règles (...) encadrant la relation entre le patient et le praticien », écrit-il dans son communiqué.
« Privé de la moitié » de ses dentistes, Incisiv se prépare « à déposer le bilan », a déclaré Mme Gepner, qui attend un rendez-vous avec « le tribunal de commerce ». « Je ne voulais pas mourir sans combat et éveiller l'attention » sur le sort des patients, dit-elle.
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