Viré manu-militari à cause de son chien guide : la vidéo !

La ministre Sophie Cluzel avait promis de rencontrer les enseignes de supermarché à la rentrée pour faire respecter la loi. En attendant, les chiens guides continuent d'être refoulés. Encore une nouvelle expulsion violente à Marseille, filmée.

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DERNIERE MINUTE DU 26 JUIN 2024
En 2018, il est victime d'une violente altercation dans un supermarché à cause de son chien guide. Six ans après, Arthur défend ses droits devant la justice, soutenu par des associations, pour espérer faire, enfin, condamner les récalcitrants. Le 5 juillet 2024, devant le tribunal correctionnel de Marseille, les sociétés Monoprix et le directeur du magasin devront répondre de ces faits de violences et de discriminations.
Pour en savoir plus, lire notre article :  Refus avec violence d'un chien guide: la justice va trancher

ARTICLE INITIAL DU 9 OCTOBRE 2018
C'est d'une grande banalité, un chien guide refusé dans un supermarché pour des raisons d'hygiène. Mais, dans le cas d'Arthur Aumoite, ce qui choque c'est la brutalité de la scène. Le 21 septembre 2018, ce jeune homme de 27 ans malvoyant a été malmené et son chien, Loya, mis à la porte par le gérant et un vigile alors qu'il faisait ses courses dans un Monoprix de la Blancarde à  Marseille. Les smartphones permettent désormais de capter l'instant et de témoigner des discriminations dont sont victimes les chiens guides au quotidien. Arthur a posté cette vidéo filmée par un ami le 8 octobre 2018 sur les réseaux sociaux (vidéo ci-dessous).

Cesser les discriminations

Le 3 août 2018, Kévin Fermine, un jeune Toulousain de 27 ans qui se déplace en fauteuil roulant avec son chien avait, lui aussi, été victime d'un refus dans le Carrefour Express de Rangueil, un quartier de Toulouse (article en lien ci-dessous). Chaque fois, parce que les affaires sont médiatisées, les sièges des enseignes présentent leurs plates excuses, assurant que leurs gérants ont été sensibilisés, ce qui n'est visiblement pas le cas dans la réalité. Dans un Tweet, Monoprix écrit : « Nous sommes désolés pour cet incident, tout comme le directeur du magasin qui a revu le jeune homme l'après-midi-même pour s'excuser. Si, pour des raisons sanitaires, les animaux ne sont pas acceptés dans nos magasins, les guides d'aveugles font évidemment exception ». L'enseigne affirme que des sanctions vont être prises à l'encontre du directeur incriminé. De son côté, le jeune homme a annoncé vouloir porter plainte pour « refus d'accessibilité et violence volontaire sur personne vulnérable ».

Comment ignorer la loi ?

Aujourd'hui, il est difficile de concevoir que des dirigeants de magasins ignorent l'article 88 de la Loi n° 87-588 du 30 juillet 1987 (modifié par la LOI n°2016-1321 du 7 octobre 2016 – art. 107), inscrit dans le marbre depuis plus de 30 ans, qui permet aux chiens guides d'entrer dans tous les lieux publics sans restriction. Arthur porte toujours copie de ce texte sur lui, au cas où, le brandissant le cas échéant. Mais, avec un immense mépris, le gérant du Monoprix a préféré l'ignorer. « Malgré cette loi, je suis quotidiennement dévisagé, contrôlé et parfois on me refuse l'accès, spécifiquement dans les taxis, VTC, et commerces alimentaires », explique Arthur. Il dit espérer que cette vidéo « contribuera à faire cesser les discriminations » pour tous les malvoyants et leurs chiens guides.

Aucune plainte aboutie

La FFAC a dénoncé « cette séquence assez choquante, qui plus est avec l'usage de la violence », rappelant que les chiens guides sont formés pendant deux ans. « Ils sont dressés pour ne jamais attaquer, même si leur maître est agressé, ou pour ne pas aller renifler voire manger des aliments. D'ailleurs on voit bien dans la vidéo que durant toute la séquence Loya reste absolument calme, couchée aux pieds de son maître, et n'oppose aucune résistance », précise Yolande Desousa, chargée de communication de la FFAC. Selon la FFAC, 88 cas de refus d'accès à une personne accompagnée d'un chien guide ont été constatés en 2017. Jusque-là, selon l'association, aucune plainte n'a jamais abouti en justice, malgré l'amende de 450 euros prévue par la loi.

La ministre convoque la filière

Dans un Tweet, Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat en charge du handicap, en août, avait promis « dès la rentrée », de réunir dirigeants et syndicats de la grande distribution afin de s'assurer que toute personne en situation de handicap puisse se rendre dans un supermarché, sans contrainte aucune. Petite piqure de rappel avec cette nouvelle affaire ? Comme elle s'y était engagée, elle annonce le 11 octobre : « J'ai parlé avec Arthur, je salue sa dignité. J'ai eu la direction de Monoprix pour des excuses à Antoine, et des actes que cela ne se reproduira pas. Comme je m'y étais engagée j'ai convoqué toute la filière le 7 novembre. » Et d'ajouter : « STOP à ces comportements honteux et illégaux ».

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