85% des demandeurs d'emploi estiment que les discriminations à l'embauche sont fréquentes (Baromètre DDD/OIT- Ifop, 13 février 2015). Les personnes handicapées n'échappent pas aux statistiques, bien au contraire !
Handicap, 2e cause de discrimination
Selon le Défenseur des droits, le handicap constitue en effet 21% des réclamations qui lui ont été adressées en 2014 en matière de discriminations. Il est le second motif après l'origine (23,70%) et devant l'état de santé (13,30%). Elles portent en premier lieu sur l'accès à l'emploi public. Pourtant, le Code du travail (art. L.1132-1) interdit toute distinction entre salariés fondée, notamment, sur l'origine, le sexe, les mœurs, l'âge, les opinions politiques… Et, bien sûr, l'état de santé ou le handicap. 20 critères au total ! Dès lors, aucun de ces motifs ne peut être retenu pour écarter une personne d'une procédure de recrutement (ou de l'accès à un stage ou à une formation) ou pour sanctionner, licencier ou décider d'une mesure discriminatoire contre un salarié. La loi punit de 3 ans d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende toutes les discriminations à l'embauche (Article 225-1 et 225-2 du Code pénal).
Handicapé, femme, plus de 55 ans… Même combat !
En théorie ! Car, en pratique, la réalité a un tout autre visage. Pour 77% des sondés d'une étude de l'Institut Montaigne (octobre 2015), le fait d'être handicapé est un facteur discriminant, tout comme avoir plus de 55 ans (88%), être enceinte (85 %) ou obèse (75%). Même constat pour les noms à consonance étrangère, la couleur de peau ou, tout simplement, le fait d'être femme. Si la discrimination à l'embauche est souvent vécue comme un traumatisme sur le plan humain, elle est également un problème d'un point de vue professionnel : 43% des victimes ont, par la suite, abandonné leur recherche d'emploi.
2 000 affiches dans toute la France
Parce qu'une prise de conscience globale devient urgente et nécessaire pour permettre d'éradiquer de telles pratiques, le Gouvernement met en place plusieurs actions et lance, le 19 avril 2016, une campagne de sensibilisation qui vise à lutter contre les stéréotypes à l'embauche et convaincre les employeurs de regarder #LesCompétencesdabord. 2 000 affiches seront ainsi placardées dans toute la France, durant 15 jours, avec un angle partiel puisqu'elles misent exclusivement sur les discriminations liées au nom et à l'origine. Dans le même élan, une étude pour mettre en lumière l'impact économique des discriminations sera publiée en juin 2016. Une opération de testing à grande échelle a par ailleurs débuté auprès d'entreprises de plus de 1 000 salariés ; elle consiste à envoyer deux candidatures similaires en tout point, sauf un critère relevant de l'un des 20 motifs de discrimination. La synthèse des résultats fera l'objet d'une publication et chaque entreprise testée sera tenue de tirer le bilan de ses résultats et de mettre en place, le cas échéant, des mesures correctives rapides et efficaces.
Victimes, quels recours ?
Le gouvernement entend également développer les recours pour les victimes de discrimination. Pour le moment, elles peuvent contacter plusieurs organismes : l'inspection du travail, les organisations syndicales, les associations de lutte contre les discriminations ou le Défenseur des droits, qui pourront les informer sur leurs droits et recours, instruire le dossier pour les aider à objectiver la situation de discrimination, les aider à régler leur problème à l'amiable ou encore appuyer leurs démarches, y compris juridictionnelles.
Des CV « handicap anonyme »
L'État promeut enfin des méthodes de recrutement alternatives, qui permettent de sélectionner sur les compétences requises pour un poste et non sur la base d'informations partielles figurant dans le CV ; c'est notamment le recrutement via des salons en ligne, des CV vidéo (plutôt que tout cacher, on préfère tout montrer) mais aussi sans CV. C'est une autre option qu'a choisi, pour son édition 2016, Handi2day, « Le » salon de l'emploi généraliste et digital dédié aux personnes en situation de handicap. Fini le handicap écrit aussi gros que le nom ! Les CV envoyés aux entreprises n'en font pas mention ; ils sont « handicap anonyme ». Partant du principe que les employeurs cherchent des compétences, quel que soit le niveau demandé, ils seront donc avant tout attentifs au parcours, à la personnalité et à la lettre de motivation du postulant. Et quand compétences et besoins matchent via la technologie Handi2day de mise en relation directe et sélective, un premier entretien se cale par téléphone ou chat. « Le handicap ne rentre pas en compte dans ce premier temps de mise en relation. À chacun d'apporter sa part à la vie sociale en fonction de ses capacités, explique Fred Cloteaux, son porte-parole ». Cette 11e édition se déroulera du 17 au 20 mai 2016, avec un appel à candidatures lancé dès le 18 avril (site en lien ci-dessous).