Par Paul Ricard
Pour Marie-Jo, 77 ans, tout a commencé par des « petits papillons » devant les yeux, avant qu'apparaisse une tache noire au centre de sa vision. Comme 1,5 à 2 millions de Français, elle est atteinte de DMLA, première cause de malvoyance chez les plus de 50 ans. Cette maladie sera au cœur des Journées nationales de la macula, du 25 au 28 juin 2017. Leur but : informer et encourager le dépistage, non seulement de la DMLA mais aussi de la maculopathie diabétique (400 000 cas) et de l'occlusion veineuse rétinienne (moins fréquente, nombre de cas inconnu).
Point commun : la macula
Le point commun de ces maladies ? Elles touchent la macula, minuscule zone de la rétine essentielle à la vision des détails. Les dépister tôt permet de freiner leur évolution. La DMLA (Dégénérescence maculaire liée à l'âge) est l'affection la plus répandue (article en lien ci-dessous). « Elle concerne 8% des plus de 65 ans et 30% des plus de 75 ans : c'est la première cause de cécité dans les pays industrialisés », explique à l'AFP le professeur Eric Souied. Chef du service ophtalmologie à l'hôpital intercommunal de Créteil et président de la Fédération France macula, il souligne que le nombre de patients est appelé à augmenter à cause du vieillissement de la population. Les malades atteints de DMLA ne sont jamais complètement aveugles, ils ne sont pas plongés dans un noir total. Mais une tache sombre s'installe au centre de la vision et peut les handicaper dans les actions du quotidien : lire, écrire, voir les visages ou reconnaître les détails.
Dépistage précoce
Marie-Jo Simon, une retraitée iséroise, s'est aperçue à l'automne 2015 qu'elle voyait « des petites choses papillonner » quand elle conduisait. « J'ai d'abord pensé à la cataracte. Un ou deux mois après, une tache noire est apparue. J'ai encore attendu. Finalement, je suis allée consulter en mars suivant ; c'était la DMLA », raconte-t-elle à l'AFP. C'est son œil droit qui est atteint : « On m'a dit qu'on n'était pas sûr de le sauver car j'étais venue tardivement ». Depuis, elle subit dans l'oeil touché des injections mensuelles d'un médicament destiné à juguler l'évolution de la maladie. Outre la fameuse tache sombre, la vision déformée des lignes droites est un autre symptôme de la DMLA. « Je conduis uniquement sur des routes que je connais, et quand je lis, il faut que ce soit écrit très noir sur fond blanc », détaille Marie-Jo Simon. Pour elle, « l'essentiel est que ça ne s'étende pas à l'autre œil ». « Si quelqu'un me disait aujourd'hui qu'il a ce genre de symptômes, je lui conseillerais de ne pas hésiter et d'aller très vite à l'hôpital », assure-t-elle.
Des pistes de recherche
Les traitements par injection, comme celui que suit Marie-Jo, ne conviennent qu'à l'une des deux formes de la maladie : la DMLA dite humide. Ils permettent de la stabiliser dans 95% des cas, selon le professeur Souied. L'autre forme, dite « sèche », est encore incurable. Des pistes de recherche existent, comme les cellules souches ou les implants rétiniens (l'œil bionique), mais leur utilisation généralisée n'est pas pour tout de suite. Une alimentation riche en oméga 3 et en lutéine peut aider à prévenir l'apparition de ces maladies. « Le menu-type, c'est saumon/épinards ou brocolis, deux fois par semaine », conseille Eric Souied.
Une maladie mieux connue
En quelques années, l'information sur la DMLA s'est largement améliorée. « Selon des sondages, 50% des plus de 50 ans connaissaient la DMLA en 2012, contre seulement 3% en 2007 », se félicite le spécialiste. C'est pourquoi la maculopathie diabétique et l'occlusion veineuse rétinienne ont à leur tour été incluses dans les Journées de la macula, afin de sensibiliser le public. Car toutes ces maladies peuvent avoir des conséquences sociales en isolant encore un peu plus les personnes âgées. Selon le Pr Souied, « on estime à 30% le taux de dépression parmi les patients atteints de DMLA ».
© LIGHTFIELD STUDIOS/Fotolia