La documentariste Dominique Fischbach a suivi pendant près de 25 ans le parcours d'une fillette sourde rencontrée à l'âge de 11 ans, un travail au long cours qui aboutit au documentaire Elle entend pas la moto, en salles le 10 décembre 2025.
Le suicide du frère en toile de fond
Ce film offre une incursion intimiste au sein d'une famille française des années 2000, où deux des trois enfants sont sourds. L'histoire s'ouvre huit ans après le suicide de Maxime, le plus jeune fils de la famille, porteur de surdité et âgé alors d'une vingtaine d'années. Manon, la protagoniste, également sourde, retrouve ses parents dans leur chalet de Haute-Savoie, où ils visionnent un mélange d'images tournées au fil des années par la documentariste, ainsi que des archives personnelles de la famille.
L'impact du handicap sur la famille
« Ce qui m'intéressait, c'était de voir les liens intrafamiliaux, de voir comment le handicap avait impacté ces liens », résume la réalisatrice dans un entretien à l'AFP. Au fil du documentaire, des amis se joignent à eux pour une célébration de la vie de Maxime, ponctuée d'archives et de discussions sur les manières d'élever des enfants sourds. Le film revient sur la pose d'implants auditifs pour les deux enfants et le refus du père d'apprendre la langue des signes. « Les parents ont fait ce qu'ils ont pu avec leurs connaissances et aussi la période à laquelle ça s'est passé », raconte la documentariste, en soulignant qu'« à l'époque, on leur avait dit surtout qu'il ne fallait pas qu'ils signent pour qu'ils puissent oraliser les enfants ».
Dans la peau de Manon, sourde
Par moments, le film adopte le point de vue auditif de Manon et le son s'estompe complètement. « C'est pour que le public, le spectateur entendant, se rende compte de ce que c'est qu'être sourd. Plus on se rend compte du point de vue de l'autre et plus on le comprend », dit-elle. Si son documentaire « rappelle l'importance de ne pas juger les autres », la réalisatrice estime en revanche qu'« on peut juger notre société ».
Un engagement collectif pour une société inclusive
« C'est pas normal que l'Éducation nationale ne se préoccupe pas correctement de toute la problématique de l'inclusion », ajoute Dominique Fischbach, évoquant notamment ce passage du film où Manon raconte que son frère a été laissé à lui-même dans une classe d'élèves entendants. « Nous, citoyens, il faut qu'on continue à alerter là-dessus pour que ça change », termine-t-elle.
© Capture d'écran du documentaire


