Docu M6 : parmi ces "Mineurs en danger", 25% sont handicapés

Le docu "Mineurs en danger" dévoile les défaillances de l'Aide sociale à l'enfance. 25 % des enfants placés sont en situation de handicap. Un nouvel électrochoc médiatique après celui de Moussaron en 2014 ? Réponse sur M6, le 19 janvier 2020 à 21h.

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19 janvier 2014. Zone interdite diffuse Ces centres qui maltraitent des enfants handicapés, un documentaire qui met mis en lumière de graves dysfonctionnements dans des institutions spécialisées, notamment celles de Moussaron. Un électrochoc qui avait (un temps ?) levé le voile sur des situations critiques, ignorées de tous ou dissimulées par certains.

Six ans après, jour pour jour, l'émission de M6 revient à la charge avec un nouveau documentaire sur les « scandaleuses défaillances de l'ASE », diffusé dimanche 19 janvier 2020 à 21h (réalisé par Jean-Charles Doria). L'Aide sociale à l'enfance, destinée aux familles qui ont des difficultés matérielles ou éducatives aigües, permet à 176 000 mineurs (sur les 314 000 enfants concernés par une mesure ASE en 2018) d'être accueillis en foyer ou famille d'accueil jusqu'à leur majorité. Or, le constat est le suivant : 70 % des enfants protégés sortent sans diplôme et un SDF sur quatre est un ancien enfant placé. Par ailleurs, entre 20 et 25 % sont atteints d'un handicap. Le ministère de la Santé affirme même que 32% ont des troubles psychiatriques contre 2,6% dans la population générale.

Des images choquantes

Durant un an, les équipes de Zone Interdite se sont infiltrées dans cet univers qualifié « d'opaque » pour dévoiler une « réalité stupéfiante », selon sa présentatrice Ophélie Meunier. Le titre se veut sans ambiguïté : Mineurs en danger. Mois après mois, elles ont été confrontées aux dérives d'un système censé protéger les enfants mais qui montre de grandes défaillances. « Elles y ont rencontré du personnel non qualifié, recruté sans diplôme, sans contrat, et pire parfois, sans contrôle du casier judiciaire », laissant souvent « les enfants livrés à eux-mêmes, déscolarisés, sans aucun cadre »et « des jeunes filles livrées à des proxénètes », explique la chaîne qui promet des images « choquantes et bouleversantes ».

« L'enquête montre des enfants assommés de médicaments, des violences psychologiques, physiques et sexuelles, cela ne vous rappelle pas quelque chose ? »,
questionne Céline Boussié, la lanceuse d'alerte qui avait révélé le « scandale » Moussaron. « Honte au pays des droits de l'Homme pour la manière la plus indigne qu'elle a de s'occuper des enfants fragiles et vulnérables dont elle a la responsabilité, s'indigne-t-elle. Où sont passés les contrôles censés être effectués ? Les formations pour garantir un accompagnement digne et bientraitant ? ». « Il arrive que les départements soient informés de ces dérives depuis des années et n'agissent pas, préférant la loi du silence à la transparence », affirme M6 de son côté.

Des mesures à venir…

En janvier 2019 déjà, une enquête à charge diffusée sur France 3 avait dénoncé ces « sacrifiés de la République ». Ce constat accablant avait-il précipité la création d'un secrétariat d'Etat chargé de l'enfance, avec à sa tête Adrien Taquet, quelques jours plus tard ? En novembre 2019, c'est au tour du Défenseur des droits d'enfoncer le clou (article en lien ci-dessous). « Les enfants sont encore trop souvent victimes d'actes violents ou de harcèlement, commis par des professionnels ou par des pairs », constate Jacques Toubon dans son rapport annuel sur les droits de l'enfant, consacré plus globalement aux institutions publiques.

Dans une interview accordée en janvier à 20 minutes, Adrien Taquet assure « comprendre la colère », notamment des associations, et « partager leur impatience », mais estime que l'année écoulée a été celle de « la prise de conscience » et de la « mobilisation ». En novembre 2019, il a présenté un plan triennal (2020-2022) de lutte contre les violences faites aux enfants, pour « libérer leur parole » et « porter attention aux victimes ». Il prévoit 22 mesures, notamment pour les enfants de l'ASE : une vigilance supplémentaire pour ceux en situation de handicap et un accès à la scolarité garanti pour tous. La nouvelle loi de financement de sécurité sociale votée en décembre dernier a par ailleurs créé une consultation complexe pour le bilan de santé des enfants confiés à leur entrée dans les dispositifs de protection de l'enfance. « Des mesures extrêmement faibles » pour Lyes Louffok, ancien enfant placé et membre du Conseil national de la protection de l'enfance, qui demande depuis des années une obligation de suivi pour tous les sortants de l'ASE.

Mineurs en danger a été projeté le 8 janvier 2020 à l'Assemblée nationale, en présence de députés et d'anciens enfants placés. Au silence a succédé l'indignation. A l'indignation devra succéder l'action. Adrien Taquet promet d'autres mesures, portant « peut-être » sur le contrôle des agréments des familles et lieux d'accueil et la création de postes en pédopsychiatrie, au 2ème semestre 2020. En attendant, les enfants, on patiente ?

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