En parler davantage et sauver plus de vies ! Le don d'organes reste à amplifier en France, a plaidé l'Agence de la biomédecine, le 19 juin 2024, en amont de la Journée nationale de réflexion sur le don d'organes et la greffe.
Taux d'opposition élevé
Chaque jour, il y a en moyenne "15 greffes d'organes, 23 nouveaux inscrits sur liste d'attente, et deux à trois décès par manque de greffons", a indiqué son directeur du prélèvement et de la greffe d'organes et de tissus, François Kerbaul, lors d'une conférence de presse. "On veut que le 22 juin permette de donner sa position sur le don d'organes à ses proches. Car on est face à un paradoxe : le taux d'opposition est assez élevé -il est passé à 36 % en 2023 et tangente 37 % sur le début 2024 (...)- mais 80 % des Français se déclarent favorables au don après leur mort", a indiqué Marine Jeantet, la directrice générale de l'Agence. Dans certaines régions, comme l'Ile-de-France, les Hauts-de-France, une partie d'Auvergne-Rhône-Alpes et de PACA ou encore Outre-mer, le niveau d'opposition avoisine même 50 %.
6 vies sauvées
Tous les Français sont donneurs présumés mais beaucoup n'ont pas confié leur position à leur famille et, si le défunt n'est pas inscrit sur le registre des refus, un proche peut dire s'il pense qu'il ne l'aurait pas souhaité. "On peut sauver entre six et sept personnes juste en disant un mot, 'oui', à ses proches", a souligné Marine Jeantet.
Briser les idées reçues
Elle a réfuté plusieurs "idées reçues" : les organes servent à des interventions thérapeutiques, pas à des recherches scientifiques ; les greffons sont attribués sur critères médicaux, la catégorie socio professionnelle n'entre pas en compte ; aucune religion ne s'oppose au don, et les rites funéraires sont respectés ; il n'y a pas de limite d'âge, etc.
Le niveau des greffes d'organes continue de remonter en France (plus de 5 630 en 2023) mais n'a pas retrouvé le niveau d'avant-Covid, affecté notamment par des refus grandissants de familles et par la crise de l'hôpital. Près de 22 000 patients restent en attente.
Sa vie après une double greffe des poumons
Atteint de mucoviscidose, Alexandre Allain, 28 ans, a raconté comment sa "vie a basculé en juillet 2017, après 30 jours d'attente", lorsqu'un appel du CHU de Nantes, "un dimanche soir à 21h", lui a appris qu'il pourrait être doublement greffé des poumons. Malgré une convalescence "un peu difficile", il savoure depuis sa capacité respiratoire "à plus de 105 %", contre 6 % juste avant la greffe. "Ça a décuplé mon envie de vie et de projets, notamment pour remercier la personne qui vit en moi et sa famille", a témoigné ce récent porteur de la flamme olympique, qui enchaîne les exploits sportifs (Double greffé des poumons, Alexandre va courir 57 km).
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