Le collectif MentalTech déploie la première charte d'engagements déontologiques en e-santé mentale. Son ambition ? Peser davantage sur les règlementations inhérentes à l'innovation dans le champ de la santé mentale et favoriser des pratiques plus responsables dans la conception puis le déploiement de solutions numériques inclusives. Lancée le 8 juin 2023, elle a recueilli plus de cent signatures en trois semaines. « Prochain objectif : 200 ! », encourage l'association.
Mettre en place la « numérico vigilance »
Les membres du collectif se sont associés à des experts en santé mentale pour définir les trois piliers de la charte. Le premier ? Construire la « numérico vigilance » des outils numériques en santé mentale, à l'instar de la pharmacovigilance, qui vise à surveiller et prévenir les risques des effets indésirables des médicaments. « Tout comme les produits cosmétiques par exemple, les solutions de e-santé mentale ne peuvent faire l'économie de preuves qu'elles ne nuisent pas à la santé de leurs utilisateurs à travers un effet secondaire, ou encore un mésusage », estime MentalTech. Ensuite, les signataires s'engagent à réguler l'intelligence artificielle pour protéger de risques psychologiques tout en garantissant la co-conception et le déploiement éthique de ces outils. « Pour veiller à l'intérêt général, les besoins des utilisateurs doivent être reconnus prioritaires dans chaque étape, de l'idéation à la mise sur le marché, en passant par le design numérique éthique », précise le collectif, évoquant notamment un « impératif d'indépendance et d'autonomie des utilisateurs ».
Des « garde-fous essentiels »
Créé en mars 2022, MentalTech vise à rassembler organismes privés et publics afin de « répondre à l'urgence de déployer des outils numériques éthiques dans la prévention et la prise en charge de la santé psychique, aux côtés des professionnels de santé ». « Le contexte l'exige à trois égards : l'augmentation des troubles, l'affaiblissement de l'offre médicale et la course effrénée, et parfois déresponsabilisée, à l'innovation technologique, conclut David Labrosse, président de l'association. L'écosystème tout entier a intérêt à se structurer et se mobiliser pour convenir des garde-fous essentiels à sa mission d'une part, mais également pour se tenir à la hauteur de tous les formidables enjeux qu'il révèle ! »