La création de 5 000 postes en 5 ans, soit un montant de 75 millions d'euros supplémentaires ! Moderniser le secteur adapté et soutenir les dispositifs existants mais surtout faciliter l'accès des personnes en situation de handicap à la formation et à la qualification, c'est l'enjeu d'un nouveau contrat signé le 9 mars 2017. Il rassemble l'Etat et l'ensemble des acteurs de l'inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap (liste des assos en fin d'article*). Rappelons qu'une EA est une entreprise de l'économie sociale et solidaire, dans le milieu ordinaire, qui emploie au minimum 80 % de travailleurs handicapés. Pour Stéphane Foisy, président de l'Unea (Union des entreprises adaptées), qui a porté ce dispositif, il s'agit « d'un acte majeur permettant d'obtenir une visibilité essentielle ».
Trois axes majeurs
Ensemble, les signataires s'engagent à agir autour de trois axes : créer de l'emploi, moderniser leurs organisations et leurs équipements et développer les compétences de leurs salariés en leur permettant, notamment, de s'orienter vers des métiers plus variés. L'accent est mis sur la notion de « capacitation » ; l'EA participe à ce processus en permettant à la personne de prendre en charge, elle-même, sa destinée économique, professionnelle, familiale et sociale. « Autrement dit d'augmenter sa puissance d'agir sur son être et sur son environnement », précise un communiqué de l'Unea.
Et pour les jeunes ?
Ce contrat prévoit également le développement de l'emploi des jeunes de moins de 25 ans. Pour ce faire, des campagnes de sensibilisation auprès de ce public vont être lancées. « Nous allons plus loin en créant un maillage réticulaire avec les ULIS (ndlr : unités d'inclusion dans les écoles) et le rectorat et nous allons tenter de créer des passerelles via, notamment, des Sections d'apprentissage d'adulte en situation de handicap (SAAH) » qui proposent des formations certifiantes, explique le vice-président de l'Unea, Cyril Gayssot.
Les régions en force
Cette signature entérine également le renforcement de la politique de régionalisation permettant le développement du secteur comme outil inclusif du territoire. « L'idée est de structurer la représentativité des EA à l'échelon régional pour agir au plus près des acteurs », explique le vice-président de l'Unea, Erwan Pitois, qui explique vouloir, par ce biais, « favoriser les connexions et les échanges de bonnes pratiques ».
Un contrat historique
Deux ministres, Myriam El Khomri (travail) et Ségolène Neuville (handicap) ont apposé leur signature sur ce document qualifié « d'historique ». Depuis 2012, l'Etat a sensiblement renforcé son soutien au secteur. Le nombre d'aides aux postes financées chaque année a augmenté de plus de 15 %, soit 3 000, ce qui a permis de passer de 19 536 emplois à temps plein en 2012 à 22 536 en 2016. Le budget consacré aux entreprises adaptées est désormais de près de 360 millions d'euros, augmentant ainsi de 45 millions d'euros durant le mandat socialiste, selon un communiqué des deux ministères.
Priorité au milieu ordinaire
Myriam El Khomri s'est félicitée de cette nouvelle étape : « Je crois fermement au modèle des entreprises adaptées. Dans un contexte où le chômage, même s'il baisse, reste malheureusement trop élevé, chacun sait combien il peut être difficile de trouver un travail, même pour des personnes valides et chacun mesure la difficulté que cela peut représenter pour celui ou celle qui vit avec un handicap.». Ségolène Neuville a, de son côté, salué ce soutien qui permet aux travailleurs handicapés d'accéder au milieu ordinaire de travail. « C'est le sens même de l'action menée depuis 2012 : faire en sorte que les personnes handicapées puissent, si elles le souhaitent, vivre et travailler avec les autres. »
Aujourd'hui, en France, on compte 758 entreprises adaptées et 31 000 emplois, dont 25 000 occupés par des salariés en situation de handicap. Dans neuf cas sur dix, ils ont signé des contrats à durée indéterminée. Le chiffre d'affaire cumulé du secteur représente plus de 1,05 milliard d'euros.
*Parmi les associations signataires, notamment, le Conseil national handicap des organismes de placement spécialisés (CHEOPS), l'Union nationale des missions locales (UNML), l'Union nationale des entreprises adaptées (UNEA), l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (UNAPEI) l'Association des paralysés de France (APF), l'Association pour l'insertion et la réinsertion professionnelle et humaine des handicapés (ANRH), l'Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH), Pôle emploi et d'autres acteurs de l'inclusion professionnelle des personnes handicapées.