Dans les priorités du dernier budget du quinquennat, les crédits pour l'emploi bénéficient d'une hausse de près de deux milliards d'euros, destinée à financer le plan annoncé mi-janvier par François Hollande, notamment la prolongation jusqu'à fin 2017 de la prime à l'embauche PME. Avec un total de quelque 15,3 milliards d'euros, ces crédits marquent « un effort inédit en faveur de l'emploi », qui bénéficie de « la plus grande part (53%) de la hausse totale des dépenses de l'État pour 2017, note le rapporteur spécial de la commission des Finances, Christophe Castaner (PS). Ils permettent notamment la « montée en puissance » de la Garantie jeunes et des dispositifs pour des personnes les plus éloignées du marché du travail (recentrage de Pôle emploi sur les plus en difficulté, plan de formation pour les chômeurs).
500 postes en EA : in extremis !
C'est ainsi que, pour ouvrir 500 postes supplémentaires pour des travailleurs handicapés dans les entreprises adaptées (EA), les députés ont voté dans l'hémicycle, comme en commission, 7,5 millions d'euros supplémentaires pour l'aide aux postes. L'État subventionne ainsi un montant équivalent à 80% du SMIC (la totalité des charges, soit environ 45% du salaire, étant payée par l'entreprise). Cette aide a été mise en place pour compenser les surcoûts d'exploitation, notamment liés à un taux d'encadrement supérieur et à la formation des travailleurs, et la moindre productivité des personnes handicapées.
Et pourquoi pas 1 000 ?
500 aides aux postes par an étaient ainsi financées depuis plusieurs années (article en lien ci-dessous) mais n'avaient pas été budgétées sur 2017 malgré les annonces faites par le ministre du Travail, François Rebsamen, en 2015 (article en lien ci-dessous). Cette « rallonge » in extremis satisfait donc Sébastien Citerne, directeur général de l'Unea (Union nationale des entreprises adaptées) « puisqu'aucune aide n'était prévue dans le PLF (Projet de loi de finance) initial ». Satisfaction néanmoins mitigée ; le secteur réclamait en effet une aide pour 1 000 postes « que nous sommes en capacité de créer », poursuit-il. « Nous signons plus de 1 200 contrats en CDI par an depuis deux ans. On dénombre 775 entreprises adaptées en France aujourd'hui. Alors ramené à 500 postes, ça reste très peu. » D'autant que « chaque fois qu'un travailleur handicapé trouve un emploi dans une entreprise adaptée, cela représente une économie moyenne de 10 000 euros pour la collectivité », selon les signataires PS de cet amendement. Face à ce constat, l'Unea entend poursuivre les négociations avec le Gouvernement qui portent sur 1 000 aides au contrat par an sur 5 ans.
Des aides pour les jeunes sortant de prison
Les députés ont par ailleurs alloué un peu plus d'un million d'euros, par redéploiement de crédits, aux missions locales pour créer 50 postes de référents justice chargés du suivi d'environ 3 000 jeunes de moins de 25 ans sortant de prison. Si les députés socialistes et radicaux de gauche ont voté pour ce budget, LR et Front de Gauche l'ont rejeté. Gérard Cherpion (LR) a critiqué un « trompe-l'oeil, qui laissera à vos successeurs une situation catastrophique, en particulier pour les 6 millions de demandeurs d'emploi ». S'il a salué certaines mesures et hausses, Patrice Carvalho (Front de Gauche) a jugé que « les orientations depuis le début du quinquennat n'ont fait qu'aggraver la situation de l'emploi » via la « politique de l'offre », avec le CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) ou la loi travail.