Le 16 septembre 2024, la Cour des comptes a rendu son rapport sur l'école inclusive (Lire : Ecole inclusive : copie à revoir selon la Cour des comptes). Pendant deux ans, la juridiction financière a enquêté sur la transformation du système scolaire français suite à la loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 février 2005. S'il reste difficile d'évaluer la performance de ce modèle, tant les données en la matière sont inexistantes, il peut être intéressant de se tourner vers l'étranger et de mener des études comparatives . C'est ce qu'a fait la Cour, en zoomant sur six pays européens : l'Allemagne, la Hongrie, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède et l'Italie.
Des facteurs historiques
Parmi ses voisins, la France ne fait pas véritablement exception. « La coexistence d'un double secteur se retrouve dans la plupart des pays comparables. En fait, le curseur se déplace selon les pays entre une approche très médicale du handicap et l'affirmation de l'éducabilité de tout individu, quels que soient les troubles qui l'affectent », précise l'instance de la rue Cambon. L'approche italienne est à ce titre un « cas d'école » inspirant. Le pays latin est le premier, en Europe, à mettre en œuvre l'inclusion. Et ce depuis 1977, d'après l'UNESCO. Cela tient, en partie, à des facteurs historiques. Alors que les pays du nord (Allemagne, Belgique, Pays-Bas) urbanisés et industrialisés, développent une culture philanthropique avec la création d'établissements spécialisés gérés par des institutions religieuses, c'est l'inverse qui s'opère au sud de l'Europe. À la fin des années 1970, l'Italie ferme donc le peu d'établissements spécialisés existants et redispatche ses personnels dans les écoles ordinaires.
Un pays précurseur
Dès lors, l'instruction de la quasi-totalité des enfants en situation de handicap, même « les plus graves », se fera dans des classes ordinaires de l'école publique. En 1984, cette intégration a été étendue au lycée. Un système qui s'appuie d'abord sur un cadre législatif en constante évolution, avec deux lois phares : 1971 et 1992. Elles prévoient dès le début la création des services socio-psychopédagogiques, la nécessité du travail de groupe et le droit à un enseignement individualisé, avec la présence en classe « d'enseignants de soutien ».
Des professionnels formés
Ce professeur spécialisé est affecté à la classe, et non juste auprès de l'élève avec des besoins spécifiques, pour faciliter le processus d'intégration. Il travaille en collaboration avec les autres enseignants et peut prendre en charge entre un et quatre élèves suivant la nature du handicap. « Dans chaque école, un groupe de travail pour l'inclusion (GLI) est composé d'enseignants, de soutien, de personnel administratif et de spécialistes de l'autorité sanitaire locale », soulignent les rédacteurs du rapport. Autre bon point : la formation des professionnels, intégrant initialement des pratiques inclusives. Ces derniers peuvent s'appuyer sur un réseau de 106 centres territoriaux de soutien (CTS), des écoles dédiées aux besoins spéciaux.
Une inclusion qui a ses limites
Le tout est financé par l'État, les régions et les municipalités, avec, de facto, des disparités territoriales. Le modèle italien est loin d'être parfait, tranche toutefois la Cour. Le nombre d'enseignants spécialisés est affecté avec du retard, le « GLI » cité plus haut est souvent critiqué pour son inefficacité et le niveau d'accessibilité des bâtiments laisse encore à désirer.
© Bruno Coelho/Canva